Les Aiguilles de Port-Coton à Belle-Île en Mer : le trésor de Claude Monet
Gravures rupestres d’Alta–des rennes de l’âge de pierre gravés le long des fjords
Storforsen – les plus grandes cataractes naturelles d’Europe traversent la Laponie
Cathédrale Luthérienne d’Helsinki – une icône allemande sur l’ancienne terre des tsars
Norske Opera – le renouveau de la banlieue d’Oslo en lignes obliques
Le Monastère d’Horezu, chef-d’œuvre de l’art Branconvan en Valachie
Le château de Dracula au cœur des Carpates : la citadelle de Poenari
Falaises de Moher – quand l’Irlande plonge de 214 mètres dans l’Atlantique
Château de Balmoral – la résidence écossaise de la Reine Victoria et du Prince Albert
Panthéon de Rome – le plus grand dôme de l’Antiquité, tombeau des grands Hommes
Bastion des Pêcheurs – un rempart « moderne » sur les hauteurs de Budapest
Statue de la Liberté de l’île des cygnes à Paris – une maquette signée Bartholdi
Bryggen – les demeures en bois colorées de la Ligue Hanséatique à Bergen
La Pointe du Raz – une proue de granite à l’extrême ouest de la France
Arènes de Lutèce : un amphithéâtre gallo-romain au cœur de la capitale
Chinagora – un complexe touristique sous forme de Cité Interdite fantôme à deux pas de Paris
De la Bavière à la Provence : des santons à la basilique de Fourvière pour sa crèche de Noël géante
Marché Médiéval de Noël à Provins – Rois Mages et troubadours animent banquet et bal d’époque
Le château de Dracula au cœur des Carpates : la citadelle de Poenari
Posté le Mardi 17 mai 2011dans Architecture, Nature, Pays, Roumanie, Ruines, Voïvodes, château / palaispar Alexandre RosaImprimerVue depuis la France, la Roumanie semble être un pays pauvre d’Europe de l’Est, d’où nous arrivent nombre de migrants vivant dans le plus grand dénuement. Si le tableau peut être vrai dans certains villages, il serait réducteur de considérer que la Roumanie n’est peuplée que de Roms, et qu’elle n’a rien à offrir au voyageur friand de monuments, de paysages et d’histoire.
Dans les faits, on oublie souvent qu’un personnage mondialement connu a vécu toute sa vie en Roumanie. Je veux bien sûr parler de Vlad III Basarab, surnommé Ţepeş (l’Empaleur), autrement connu sous le nom de Dracula depuis la publication du roman éponyme de Bram Stoker, inspiré de la vie du voïvode.
Nombreuses sont les adaptations cinématographiques et les suites littéraires apportées à ce roman, certaines plus fantastiques que d’autres. En Transylvanie, la vraie, les châteaux médiévaux sont effectivement légion, et tous ont un style que n’auraient pas renié les pires vampires de Hollywood. Mais seul l’un d’entre eux a réellement abrité Vlad Ţepeş : on l’appelle Poenari et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, il ne se trouve même pas en Transylvanie!
La Roumanie est traversée par les Carpates, une chaîne de montagnes très boisées qui traversent le pays d’ouest en est sur plus de mille kilomètres. Ce massif est la partie orientale d’un ensemble montagneux qui traverse l’Europe, et dont la partie occidentale n’est autre que les Alpes. Les Carpates ont les mêmes origines tectoniques et géologiques que ces dernières.
Sur leur versant nord, l’on trouve la Transylvanie. Au sud, la Valachie. Ces deux régions jadis indépendantes se sont longtemps fait la guerre, et la prolifération des châteaux montagneux dans les Carpates s’explique par ces mésententes entre seigneurs locaux. Vlad Ţepeş était l’un d’entre eux.
C’était un voïvode, un terme d’origine slave qui désigne au départ le commandant d’une région militaire. Dérivé du slavon, voï (armée) et voda (qui conduit), il était utilisé à l’époque médiévale dans toute la zone de l’Europe centrale et orientale. Malgré son origine slave, il est aussi utilisé en Roumanie, pays de langue latine.
Les voïvodes avaient mandat pour gouverner, présider l’assemblée, faire appliquer les lois, envoyer des ambassadeurs, lever les impôts, lever des troupes ou affréter des flottes pour le compte du souverain dont ils étaient les vassaux (Moldavie, Valachie). Le terme d’origine latine correspondant est Duc (du latin ducere, conduire).
En pays roumain, le territoire sur lequel l’autorité d’un voïvode était reconnue s’appelait un voévodat ou voiévodat, que l’on traduit en français par principauté. Le voïvode était donc un prince. Vlad Ţepeş était celui de Valachie en 1448, puis de 1456 à 1462, et en 1476.
Selon certaines sources, Vlad Ţepeş était un monstre, un modèle de cruauté, une brute qui aimait répandre le sang, le feu, la mort partout, et ses victimes se seraient comptées en milliers, en dizaines ou en centaines de milliers. Cette thèse d’essence occidentale, trouve son origine dans la haine et le ressentiment de ses adversaires, les marchands saxons et les boyards de Valachie, qui ont toujours lutté pour conserver leurs privilèges dans ces régions.
Cette image, populaire chez nous, a largement été diffusée par Mathias Corvin, roi de Hongrie. En fait, Vlad Ţepeş a une histoire assez classique. Début 1462, la participation que lui promet Matthias en personne dans une expédition contre les Turcs l’enhardit jusqu’à briser son allégeance envers les Ottomans. Il lance alors une campagne contre les Turcs sur le Danube, tuant plus de 30.000 hommes. Vlad provoque la colère du sultan Mehmed II, lorsqu’il refuse d’accéder à la demande des émissaires turcs pour le paiement du tribut au sultan. Lorsque les émissaires du souverain ottoman refusent d’ôter leur turban en face de lui, il les fait clouer sur leur crâne.
Quand le sultan apprend l’exécution de ses émissaires, il décide de punir Vlad en envahissant la Valachie, qu’il souhaite également transformer en province turque. Il procède à l’invasion avec une armée trois fois plus importante que celle de Vlad. Sans alliés, celui-ci doit se résoudre à se retirer à Târgovişte, à brûler ses propres villages, et à empoisonner les sources sur sa route, de façon à ne plus rien laisser à boire et à manger à l’armée turque.
Lorsque le sultan arrive à Târgovişte, il est confronté à une vision d’épouvante : sur des centaines de pals, les corps de nombreux prisonniers turcs sont dressés, une scène terrifiante qui fut surnommée « la Forêt des Pals ». Mehmed II préfère laisser sa place au combat à Radu III l’Élégant, le plus jeune frère de Vlad, candidat des Turcs pour le trône de Valachie. À la tête de l’armée turque et d’hommes qu’il convainc de rejoindre son camp plutôt que d’obéir à Vlad, Radu III poursuit son frère jusqu’au château de Poenari, une forteresse à l’ancienne que Vlad était parvenu à se faire construire pour se protéger.
D’après la légende, la femme de Vlad, qui voulut s’échapper d’un cachot turc, se donna la mort en se jetant du haut de la falaise que la forteresse surplombe (une scène exploitée par Francis Ford Coppola dans son film Dracula). Vlad, qui n’est pas le genre d’homme à se suicider, réussit à s’échapper du siège de Poenari en empruntant un passage secret à travers la montagne.
C’est cette même montagne des Carpates que vous aurez à gravir pour accéder aux ruines actuelle du château de Poenari. Dominant la vallée du Danube du haut d’une falaise de 800 mètres de haut, près d’un canyon creusé par la rivière Argeş, le château ne brille pas par son accessibilité. Les touristes lui préfèrent le Château de Bran, en Transylvanie, que la légende attribue à Vlad Ţepeş. Sauf que ce dernier était bien prince de Valachie et non de Transylvanie, et il n’aurait séjourné à Bran que quelques nuits au cours de sa fuite.
Il n’existe donc pas de vraie raison pour que le public délaisse autant Poenari. Il faut dire que la citadelle n’apparaît dans presque aucun guide touristique, et qu’aucune route ne permet de s’y rendre. Si vous êtes courageux et amoureux d’histoire, il vous faudra vous garer au bord d’une route fréquentée et escalader la montagne sur un dénivelé de plus de 180 mètres. Rassurez-vous : il y a des escaliers. Ce sont tout de même 1480 marches qu’il vous faudra affronter pour espérer visiter les ruines du seul véritable château de Dracula, le tout sans avoir l’assurance que celui-ci soit ouvert puisque personne n’assure l’accueil des touristes au pied de la falaise. Et comme vous serez certainement les seuls touristes du jour…
Ce désamour s’explique aussi peut-être par la mauvaise réputation du lieu, connu comme étant l’un des endroits les plus hantés au monde!
Après la mort de Vlad à Bucarest (petite bourgade semblable à toutes les autres et dont Vlad aurait fait sa capitale), Poenari resta actif jusqu’au milieu du 16ème siècle avant d’être abandonné définitivement. Dès le 17ème siècle, ce n’était déjà plus qu’une ruine. En raison de sa situation, au sommet d’une crête rocheuse, il était difficile de prendre contrôle du château, même pour les forces naturelles.
Un glissement de terrain finit toutefois par démolir une grosse partie de la citadelle en 1888. Elle vint s’écraser dans la rivière en contrebas. Plusieurs de ses murs et tours ont malgré tout résisté jusqu’à aujourd’hui, et certains visiteurs étrangers ont même réussi à passer la nuit au milieu de ces ruines durant l’ère communiste roumaine. Autant dire qu’ils n’avaient pas froid aux yeux, car l’endroit est très venteux…
Voir toutes les photos de la citadelle de Poenari dans la galerie de TravelPics.fr
Article et photos (en date du 10 mai 2011) par Alexandre Rosa
Tu fais un récit très complet sur le plan historique du château de Dracula. Comme d’habitude, tes photos sont magnifiques et encore merci d’avoir grimper toutes ces marches pour ramener ces fameuses photos.
Je suis très contente de voire mon pays sur ton site, la belle Roumanie!!!
et je suis très triste car il n’y a plus de places pour suivre mon 1er cours avec toi, ça fait trop longtemps que je suis votre site, vos photos, tout . j’attendais en fait d’avoir mon appareil photo.
Si vraiment il n’y a plus des chances pour le mois de juillet, je vais m’inscrire avec ceux qui ont des dispo, car je retourne chez moi le 8 et j’aimerai exploiter bien mon appareil, le Delta du Danube et ma nièce;))
A bientôt et bonne continuation!!