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Panthéon de Rome – le plus grand dôme de l’Antiquité, tombeau des grands Hommes
Posté le Dimanche 20 mars 2011dans Architecture, Cimetière, Classique, Eglise, Empire Romain, Italie, Templepar Alexandre RosaImprimerQui n’a jamais entendu parler du célèbre Panthéon? Devenu véritable nom commun, ce bâtiment de la Rome antique a été copié dans son concept dans plusieurs villes, dont Paris. Mais C’est bien l’édifice religieux antique situé sur le Champ de Mars, bâti sur l’ordre d’Agrippa au 1er siècle av. J.-C., endommagé par plusieurs incendies, et entièrement reconstruit sous Hadrien (début du 2ème siècle), qui a laissé sa trace dans l’Histoire.
À l’origine, le Panthéon était un temple dédié à toutes les divinités de la religion antique. Il fut converti en église chrétienne au 7ème siècle. C’est le plus grand monument romain antique qui nous soit parvenu en état pratiquement intact, du fait de son utilisation ininterrompue jusqu’à nos jours. Il a donné son nom à un quartier de Rome.
Le nom du Panthéon est issu de l’adjectif grec πάνθειον / pántheion, qui signifie "de tous les dieux". La plupart des auteurs latins le nomment sous la forme grécisante Pantheon. La forme latinisée Pantheum est attestée chez Pline l’Ancien.
Symbolisme du monument
Selon Dion Cassius, le temple abritait de nombreuses statues, dont celles d’Arès, (Mars), père de Romulus, celle d’Aphrodite, (Venus), divinité ancestrale de la gens Iulia, ainsi que celle du divin Jules César. Toujours selon Dion Cassius, Auguste aurait repoussé la suggestion d’Agrippa d’ajouter sa propre statue aux trois précédentes, acceptant seulement de figurer dans le pronaos. L’entrée était donc gardée de part et d’autre par les statues d’Auguste et d’Agrippa, tout deux consuls en 27 avant J.-C., ce qui respectait en apparence la parité républicaine des pouvoirs et confirmait l’ascension d’Agrippa comme héritier potentiel d’Auguste.
Hadrien fut un empereur cosmopolite qui voyagea beaucoup en Orient, et qui était un grand admirateur de la culture grecque. Il semble que, pour lui, le Panthéon devait être le temple de tous les dieux, une sorte de geste œcuménique ou syncrétique à l’adresse de tous ceux qui dans l’empire romain n’adoraient pas les vieilles divinités de Rome, ou qui les adoraient sous d’autres noms.
Toutefois, en combinant la sphère et le cercle, symboles helléniques de perfection, à la présence solaire, Hélios, divinité incarnée par les rois en Orient, Hadrien amplifiait implicitement le culte impérial, suivant une tendance orientalisante que poursuivront ses successeurs. Dès lors, quand Hadrien rend des décisions de justice dans son Panthéon, usage exceptionnel pour un temple, il se mettrait en scène comme une émanation de l’Hélios royal.
Architecture
La conception du nouvel édifice pourrait être l’œuvre de l’architecte Apollodore de Damas, contemporain d’Hadrien, déjà auteur probable des grandes réalisations de Trajan : forum, thermes et marchés de Trajan. Malheureusement, aucun document ne vient conforter cette hypothèse.
Les connaissances techniques et le savoir-faire des bâtisseurs romains se déployèrent pour cette reconstruction du Panthéon : leur capacité à mobiliser efficacement une main-d’œuvre nombreuse, l’usage combiné de la pierre, de la brique et du mortier, la maîtrise des techniques du béton de chaux coulée sur coffrage, contribuèrent au succès de la réalisation du nouveau temple. L’esthétique ne fut pas en reste, comme le montrent les effets géométriques, le choix décoratif des matériaux et le travail sur l’éclairage intérieur.
Le plan de l’édifice se compose d’un pronaos en prisme et d’une immense rotonde circulaire, séparés par un bâtiment de transition cubique.
La partie "utile" du bâtiment se situe toutefois dans sa rotonde, un mur parfaitement circulaire de 58 mètres de diamètre extérieur qui forme une double paroi de près de 7 mètres d’épaisseur. Elle repose sur une fondation puissante, large de 7,30 mètres et profonde de 4,5 mètres. Sa partie intérieure, d’un rayon de 21,7 mètres égal à sa hauteur intérieure, assure un double rôle : elle forme le décor de la cella, et elle soutient le poids de la coupole. Ce mur intérieur est subdivisé en deux niveaux horizontaux.
Le niveau inférieur est évidé par sept exèdres, alternativement semi-circulaires et trapézoïdales. L’entrée constitue la huitième exèdre. Chaque exèdre est bordée par deux colonnes corinthiennes cannelées et deux pilastres de marbre jaune.
L’exèdre qui fait face à l’entrée adopte une structure différente : les colonnes y sont remplacées par un arc de décharge qui mord sur le niveau supérieur et qui renvoie les forces verticales sur deux pilastres latéraux.
La décoration du niveau inférieur est complétée par une série de petits édicules en légère saillie au fronton alternativement triangulaire ou curviligne. Chaque édicule placé entre deux exèdres en allège le caractère massif créé par les colonnes de soutien. Ces édicules abritaient des statues sur piédestal.
Le niveau supérieur, délimité par deux corniches circulaires, est un décor de transition, alternant de fausses fenêtres carrées, des plaques de marbre de couleur et des rectangles de porphyre. Cette décoration réalisée en 1747 par Luigi Vanvitelli remplace la décoration romaine d’origine. Dans l’Antiquité, de vraies fenêtres grillagées laissaient passer une lumière diffuse, indirectement captée de l’extérieur par les petites ouvertures du mur extérieur. Ces ouvertures engendraient une lueur quasi crépusculaire à la base de la coupole, renforçant l’effet de voûte céleste.
Le dallage du sol, parfaitement restauré, est en marqueterie de dalles de pierres colorées (opus sectile). Il dessine un quadrillage où alternent des plaques de porphyre et de granite gris formant des motifs alternativement ronds et carrés. Pour faciliter l’évacuation des eaux de pluie qui pénètrent par l’orifice de la coupole, ce dallage est légèrement convexe, avec une surélévation de 30 cm à environ 2 mètres du centre de la rotonde.
Un dôme de tous les records
Le Panthéon supporte la plus grande coupole de toute l’Antiquité (43 mètres de diamètre), qui resta la plus grande d’Europe occidentale jusqu’à l’achèvement de Santa Maria del Fiore à Florence, en 1436. Après presque deux millénaires, cette construction remarquable ne présente pas de signe de faiblesse de sa structure en dépit des mutilations volontaires et des mouvements telluriques répétés.
Après l’impulsion apportée par les projets novateurs de Néron, suivis des réalisations colossales des Flaviens et de Trajan, les Romains maîtrisaient parfaitement les techniques de l’art du bâtiment, comme en témoignent les vastes coupoles de la domus aurea de Néron et des thermes de Baïes : celle du prétendu "Temple de Vénus" a un diamètre de 26 mètres, celle du ‘Temple de Diane" atteint 29,5 mètres et celle du temple d’Apollon, près de Baïes, parvient à un diamètre de 38 mètres. Elles sont toutes antérieures au règne d’Hadrien.
A l’intérieur du Panthéon de Rome, la voûte s’inscrit dans une sphère parfaite de 150 pieds romains, soit 43,30 mètres de diamètre, d’une hauteur égale de 43,30 mètres. Cette sphère théorique est donc tangente à la surface du sol. Elle est nervurée par 140 caissons en stuc, disposés sur cinq rangées de taille décroissante qui laissent libre la calotte du sommet. Cette calotte est percée d’un oculus central de 8,7 mètres de diamètre.
Renforcé par un cerclage de bronze, cet oculus central est l’unique source de lumière directe, car l’entrée de la cella, tournée vers le nord, est protégée par le pronaos. Il projette un ovale de lumière qui défile lentement sur les caissons de la coupole, ajoutant à la magie du lieu.
Extérieurement, la partie supérieure de la coupole était couverte de tuiles de bronze doré.
Une construction innovante
Pour parvenir à réaliser l’exploit que constitue l’édification d’un dôme aussi étendu, il fallut aux ingénieurs romains tout à la fois compenser les forces d’enfoncement vertical au sommet de la voûte et les forces d’écartement à la base de la coupole. Ils ont résolu ces problèmes par deux moyens principaux : la recherche des matériaux les mieux adaptés et la maîtrise de l’orientation des poussées.
Les contraintes statiques sont multiples : la base de la coupole tend à pousser le mur qui la supporte vers l’extérieur. Ce cylindre n’est pas plein, mais évidé par les sept exèdres et l’entrée du temple, et aussi par une enfilade de sections vides au niveau supérieur. Le poids de la coupole est ainsi supporté par les huit piliers massifs de maçonnerie qui séparent ces intervalles. Il a donc fallu à la fois compenser les poussées centrifuges et orienter les poussées verticales sur les huit piliers.
Pour y parvenir, les bâtisseurs romains ont mis en œuvre plusieurs solutions, dont la principale est visible à l’extérieur du dôme lui-même : on constate en effet que sa surface n’est pas lisse, mais forme comme des escaliers. Il s’agit en fait de sept anneaux de béton, encerclant littéralement la base de la coupole pour l’empêcher de s’écarter. Concrètement, ils redirigent les poussées latérales centrifuges par une poussée verticale. Ce coup de génie permit à ce dôme de résister jusqu’à nos jours sans même que la moindre tige de métal ait été utilisée pour renforcer l’ensemble.
Un tombeau pour les plus grands
Depuis la Renaissance, ce temple qui devait être destiné à tous les dieux est utilisé comme tombeau. Parmi les personnalités qui reposent dans les exèdres transformées en chapelles se trouvent Raphaël (1487-1520), selon ses dernières volontés, et ses élèves Baldassarre Peruzzi (1481-1536) et Perin del Vaga (1501-1547), puis les peintres Giovanni da Udine (1487-1564), Taddeo Zuccaro (1529-1566) et Annibale Carracci (1560-1609).
On y conserve également le cœur du cardinal diplomate Ercole Consalvi (mort en 1824) et deux rois d’Italie : Victor Emmanuel II (mort en 1878) et Umberto Ier (mort en 1900), ainsi que l’épouse de ce dernier, la reine Marguerite de Savoie (morte en 1926).
Le Panthéon est désormais une église, où l’on célèbre encore des messes et des mariages. Il est à ce titre fermé aux visiteurs durant les cérémonies liturgiques.
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Photos par Alexandre Rosa
très interessant