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Bryggen – les demeures en bois colorées de la Ligue Hanséatique à Bergen
Posté le Samedi 05 mars 2011dans Architecture, Médieval, Norvège, Pays, UNESCO, villagepar Alexandre RosaImprimerUne ville construite sur des collines ne manque généralement pas d’attrait. Si elle est située sur une péninsule, un port lové en son cœur, s’y ajoute la beauté. Capitale de la Norvège occidentale, Bergen occupe 7 collines, à l’instar de Rome. Elle s’est développée vers l’intérieur des terres et le Puddefjorden à partir de son port, se déployant sur les pentes abruptes et via les ponts qui relient les îles et les caps.
Une longue tradition de commerce international a fait de Bergen la plus ouverte des villes norvégiennes, et donné à ses habitants une démarche assurée et sans complexes, héritée de plusieurs générations de marins. Oslo a sans doute aujourd’hui le rang de capitale, mais historiquement elle fait figure de jeunette comparée à son aînée.
Le roi Olav Kyrre aurait fondé la ville là où se tient le Torget, la place centrale, en 1070. Mais on imagine mal que ce havre naturel et ces fjords parfaitement abrités n’aient pas déjà attiré une population qui dépendait entièrement de la mer. Durant le 13ème siècle, Bergen devient la première capitale d’une Norvège unifiée, ainsi qu’un centre ecclésiastique de premier ordre avec sa cathédrale, 20 églises et chapelles, 5 monastères et 2 hospices.
Au Moyen-Âge, Bergen perd son statut de capitale du profit d’Oslo, qu’elle continue néanmoins de dominer. Elle restera longtemps la plus grande ville de Scandinavie, et jusqu’en 1830 la plus importante de Norvège. Aujourd’hui, elle ne compte plus que 230.000 habitants, soit deux fois moins qu’Oslo.
Bergen doit une grande part de son rôle et de son succès aux marchands allemands de la Ligue Hanséatique, qui en leur temps en ont fait leur base nordique. Installés sur la rive nord du Vågen, le port creusé en plein centre de la ville, ils contrôlaient tout le commerce de la côte nord-ouest. Mais le véritable monopole exercé par la Hanse sur les échanges en Scandinavie s’est avéré trop lourd, et la Norvège a finalement brisé ces liens.
D’abord connu sous le nom de Tyskebryggen (le "quai des allemands"), l’ensemble d’entrepôts en bois qui occupe toujours aujourd’hui le côté nord du port fut ainsi exploité pendant près de 400 ans, jusqu’en 1754, par la Ligue Hanséatique.
En 1944, un fort sentiment anti-allemand prédominant, le lieu for diplomatiquement rebaptisé Bryggen (qui signifie embarcadère, ou quai, en norvégien). Ce nom a la même origine que celui de la ville flamande de Bruges.
Le lieu est classé Monument Historique au Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’UNESCO depuis 1979, mais a été menacé de disparition plusieurs fois. Comme toutes les villes en bois, Bergen a en effet connu les ravages du feu en maintes occasions, et parfois jusqu’à la destruction. Ses plus anciennes maisons sont donc en pierre, et après l’incendie de 1916, véritable enfer amplifié par une tempête, on a conçu des rues large, en mesure de servir de coupe-feu.
Durant la Seconde Guerre Mondiale, Bergen était au cœur de la Résistance, et de nombreux jeunes citadins effectuèrent le trajet périlleux qui mène des îles à l’Ecosse. Ils y suivirent un entraînement spécial, avant d’être réinfiltrés en Norvège de l’ouest pour former des groupes de sabotage dont les faits d’armes comptent la fameuse affaire du Télémark.
Mais c’est un accident, plus que la guerre, qui provoqua la plus grande catastrophe de cette période. En 1944, un transport de munitions hollandais explosa dans le port, endommageant de nombreuses vieilles demeures du promontoire nord, dont la Håkonshallen et la Rosenkrantztårnet.
Les entrepôts médiévaux de Bryggen furent eux-mêmes détruits à de nombreuses reprises dans des incendies. Le dernier, en 1955, ne laissa que 10 maisons debout. L’ensemble faisant face aujourd’hui aux eaux du Vågen semble cependant dater de plusieurs siècles grâce aux efforts des passionnés, souvent bénévoles, qui travaillent et reconstruisent les étroites et sombres allées qui séparent les bâtiments. A en juger par l’aspect penché de certains d’entre eux, on en croirait presque qu’ils sont prêts à s’écrouler.
Abandonné par les marchands, le quartier est aujourd’hui le plus touristique de Bergen. On y trouve de nombreuses boutiques de souvenirs et des restaurants en nombre, dont certains comptent parmi les meilleurs et les plus pittoresques de la ville.
Du côté nord du port, après les maisons de la Hanse, le Bryggens Museum expose les plus anciens vestiges archéologiques de la ville, notamment du Moyen-Âge, découverts lors de fouilles menées de 1955 à 1972. On peut y voir de nombreux objets et des reconstitutions de chambres médiévales qui évoquent l’ancien Bergen, village de pêcheurs et de négociants accrochés au-dessus du rivage.
Il faudra vous rendre à Bergen en été pour visiter certaines des maisons de la Hanse de Bryggen. Trois de ces demeures et entrepôts hanséatiques datent d’après le grand incendie de 1702. Pour mieux comprendre le mode de vie de l’époque, on peut aussi se rendre à l’Hanseatiske Museum, meublé comme jadis et où le marchand tenait sa comptabilité dans le bureau principal du premier étage.
Cette petite pièce lui permettait de garder un œil sur la chambre à liqueurs voisine. Décorée par un cabillaud royal, reconnaissable à sa bosse sur le crâne et supposé porter chance, la pièce attenante faisait office de salle à manger et de salon pour les marchands et les apprentis : l’étroitesse des lieux avait l’avantage de garder la chaleur. Les apprentis étaient des fils de marchands, envoyés apprendre le métier auprès d’un collègue, mais ils n’en demeuraient pas moins enfermés à clé chaque nuit.
Par précaution contre le feu, mais trop souvent en vain, aucun chauffage n’était autorisé dans ces demeures, et les Allemands ont dû terriblement souffrir du froid durant les hivers humides de Bergen.
Au bout du port, tout près de Bryggen, se trouve le Bergenhuset, ancien palais royal en bois du temps où Bergen devint la capitale. Il fut converti au 13ème siècle en un château fort en pierre. Ses vestiges voisinent avec les sites de la cathédrale et de l’archevêché originels.
Deux édifices méritent une mention particulière : la Håkonshallen, édifiée pour le roi Håkon Håkonson (littéralement Håkon le fils d’Håkon) entre 1247 et 1261, et qui a abrité le mariage du roi Magnus Lagabøte (le Législateur), fils et bras droit d’Håkon ; et la Rosenkrantztårnet, due au gouverneur danois du Bergenhis, Erik Rosenkrantz, qui l’a intégrée au donjon original d’Håkon dans les années 1560.
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Photos par Alexandre Rosa