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Arènes de Lutèce : un amphithéâtre gallo-romain au cœur de la capitale
Posté le Mardi 15 février 2011dans Architecture, Classique, Empire Romain, Jardins, Paris, Ruinespar Alexandre RosaImprimerIl s’agit du plus vieux monument de Paris dans son site d’origine. A la manière du Colysée de Rome ou des Arènes de Nîmes, les Arènes de Lutèce remontent à l’époque gallo-romaine, au 1er siècle après J.-C. Avec les Thermes de Cluny, elles sont le seul vestige du passage des romains à Lutèce (aujourd’hui Paris).
D’une superficie de 12.168m², les Arènes de Lutèce sont situées près de la rue Monge et sont ouvertes au public toute l’année, la Ville de Paris en ayant fait un jardin public jouxtant le Square Capitan. Si de nos jours l’arène de sable fait le bonheur de l’amicale des boulistes locale et des footballeurs en herbe, les spectacles donnés ici au début de notre ère était beaucoup plus violents. On y organisait en effet des combats de gladiateurs et d’animaux féroces, en même temps que d’autres types de jeux du cirque.
Les Arènes de Lutèce pouvaient accueillir jusqu’à 17.000 spectateurs, soit plus que la population de la ville à l’époque, ce qui démontre que l’édifice attirait un public en provenance de toute la région parisienne. D’un type courant en Gaule, cet amphithéâtre était affublé d’une scène bordant l’arène. On y donnait des représentations théâtrales ambitieuses, cette dernière affichant des dimensions considérables pour l’époque : plus de 41 mètres de large.
Il est probable que les arènes, construites au 1er siècle, restèrent en activité jusqu’à la première destruction de Lutèce, à la fin du 3ème siècle. Toutefois, Chilpéric fit réparer cet amphithéâtre en 577 après J.-C. et y fit donner des spectacles. Les vestiges ne furent découverts que lors de plusieurs explorations et percements de terrains à la fin du 18ème et au début du 19ème siècles.
C’est en effet l’ouverture de la rue Monge, entre 1860 et 1869, qui permit à Théodore Vacquer de mettre au jour et relever les premières traces de la partie nord des arènes. Elles furent réellement dégagées dans leur partie sud par les travaux de terrassement de la Compagnie Générale des Omnibus entre 1883 et 1885, qui souhaitait construire un dépôt de tramways. La Société des amis des Arènes est alors créée pour défendre le site et sa valeur historique. Elle compte parmi ses soutiens des personnages illustres comme Victor Duruy et Victor Hugo.
Le 27 juillet 1883, ce dernier adressa une lettre au Président du conseil municipal de Paris pour défendre les arènes de Lutèce, menacées de destruction : "Monsieur le président, il n’est pas possible que Paris, la ville de l’avenir, renonce à la preuve vivante qu’elle a été la ville du passé. Le passé amène l’avenir. Les Arènes sont l’antique marque de la grande ville. Elles sont un monument unique. Le Conseil municipal qui les détruirait se détruirait en quelque sorte lui-même. Conservez les Arènes de Lutèce. Conservez-les à tout prix. Vous ferez une action utile, et, ce qui vaut mieux, vous donnerez un grand exemple."
Quelques jours après, le conseil se porta acquéreur des vestiges de l’amphithéâtre qui fut classé Monument Historique. Après le démantèlement du tramway et de son dépôt en 1916 et le percement de la ligne 10 du métro, l’anthropologue Louis Capitan continua les fouilles à la fin de la Première Guerre Mondiale sur une autre partie des arènes et compléta leur restauration en 1918. Malheureusement les immeubles construits du côté de la rue Monge ne permirent pas de compléter la cavea, c’est à dire l’ensemble des gradins sur lesquels s’asseyaient les spectateurs.
Ces immeubles sont en effet construits au-dessus des anciens gradins, face à l’emplacement de la scène. Aujourd’hui, l’amphithéâtre est ainsi coupé en deux sections de gradins situées de part et d’autre de l’arène, collées aux immeubles. De l’immense cage de scène ne subsistent que les fondations, en forme de petites alvéoles dans lesquelles ont été logés plusieurs bancs.
L’ensemble forme ainsi un jardin public hors du commun, aménagé sur les vestiges du plus ancien monument de Paris. Malheureusement, trop peu de parisiens ont connaissent de l’existence des lieux, ces derniers étant cachés entre les immeubles et accessibles uniquement via des passages étroits et des rues en pente. Seuls les étudiants de l’université de Jussieu profitent d’une belle vue plongeante sur les Arènes de Lutèce, la tour principale de l’université surplombant les lieux.
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Article et photos par Alexandre Rosa