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Les moulins à vent de Don Quichotte à Campo de Criptana dans la Mancha
Posté le Lundi 30 août 2010dans Architecture, Espagne, Littérature, Moulin, Payspar Alexandre RosaImprimer“En ce moment ils découvrirent trente ou quarante moulins à vent qu’il y a dans cette plaine…” C’est ainsi que débute le chapitre 8 de L’Ingénieux Hidalgo Don Quichotte de la Manche. A l’époque de Cervantès, l’auteur de ce roman publié en deux parties à Madrid en 1605 et en 1615, les moulins étaient particulièrement nombreux en Espagne. Le paysage qu’il décrit ici est définitivement ce qui caractérise le mieux Campo de Criptana.
Ce village de la région espagnole de Castilla – la Mancha, dans la province de Ciudad Real, est habité par moins de 15.000 habitants. Ce sont 32 moulins qui surplombaient le centre-ville au 16ème siècle, et il s’agissait du plus grand groupe de constructions de ce type dans la Mancha. Pas étonnant que Miguel de Cervantès y ait localisé les aventures de son héros Don Quichotte.
Aujourd’hui, depuis la Sierra de los Molinos et la Cerro de la Paz, seuls 10 moulins peuvent être vus. L’un sert d’Office du Tourisme (le Poyatos) et trois autres ont été transformés en musées. Trois moulins ont conservé leur machinerie d’époque intacte grâce à un entretien constant décidé par la municipalité. Ce sont les trois plus anciens, le Burleta, l’Infante et le Sardinero). L’un de ces moulins restaurés est mis en marche chaque samedi.
Ils ont un style reconnaissable entre mille avec leur forme est cylindrique, fait de chaux, avec d’uniques ouvertures au niveau de la porte et quelques petites fenêtres carrées parsemées de manière irrégulière sur les parois. La toiture de structure conique en bois, d’où sort un corps prismatique qui sert de support à l’axe des ailes, et du côté opposé, un large tronc selon la direction que prend le vent.
Ils utilisent le vent comme élément moteur de leur fonctionnement simple : lorsque les ailes bougent, le mouvement se transmet á un axe vertical au moyen d’un engrenage, qui à son tour fait bouger une pierre circulaire sur une autre fixe, entre lesquelles on moud les grains de blé.
Chaque moulin est clairement identifié par une plaque fixée au-dessus de son entrée. Elle arbore le nom du moulin et celui de son propriétaire. Ce sont des recherches archéologiques qui ont permis de déterminer le nombre original de ces moulins.
Baptisés Inca Garcilaso, le Pilón et Quimera, les trois musées hébergés ici sont respectivement consacrés au travail de la terre, au vin et à Vicente Huidobro. Le moulin Culebro est quant à lui un hommage à l’actrice Sara Montiel, tandis que le moulin Lagarto célèbre la poésie.
Le Moulin Burleta, fait 6 mètres de diamètre et sous la porte, en bois revêtu de zinc, se trouvent douze judas orientés selon les douze vents qui soufflent sur la région. A l’intérieur il est divisé en trois niveaux, les deux premiers servent d’entrepôt et à la collecte de la farine, le troisième loge la machinerie complète qui pourrait encore fonctionner.
L’ensemble des moulins de Campo de Criptana fut déclaré Monument Historique d’intérêt Artistique en 1978 et Héritage Culturel. Un statut grandement dû à l’histoire de Don Quichotte, dont la popularité a d’ailleurs fait connaître un autre village de la région : El Toboso. Il abrite en effet la Casa de Dulcinea, la maison de l’amour de notre chevalier taciturne.
“Regarde, ami Sancho ; voilà devant nous au moins trente démesurés géants, auxquels je pense livrer bataille et ôter la vie à tous tant qu’ils sont.
- Quels géants ? demanda Sancho Panza.
- Ceux que tu vois là-bas, lui répondit son maître, avec leurs grands bras, car il y en a qui les ont de presque deux lieues de long.
- Prenez donc garde, répliqua Sancho ; ce que nous voyons là-bas ne sont pas des géants, mais des moulins à vent, et ce qui paraît leurs bras, ce sont leurs ailes, qui, tournées par le vent, font tourner à leur tour la meule du moulin.
- On voit bien, répondit don Quichotte, que tu n’es pas expert en fait d’aventures : ce sont des géants, te dis-je ; si tu as peur, ôte-toi de là, et va te mettre en oraison pendant que je leur livrerai une inégale et terrible bataille.”
C’est ainsi que Cervantès débute le récit de cette rencontre devenue mythique dans un chapitre intitulé “Du beau succès qu’eut le valeureux don Quichotte dans l’épouvantable et inimaginable aventure des moulins à vent, avec d’autres événements dignes d’heureuse souvenance”.
En réalité, c’est bien une place forte qui se trouvait ici depuis le 13ème siècle. La colline installée ici au milieu des plaines du centre de l’Espagne était en effet coiffée de l’avant-poste défensif du Château de Criptana. C’est au 16ème siècle que la ville connut son âge d’or avec une époque prospère qui se manifesta par les nombreux projets de développement et de construction qui eurent lieu à l’époque.
A la fois civils (la grange, la Casa de la Tercia et les fameux moulins) et religieux (l’Hermitage de la Vierge de la Paz, Veracruz, Santa Ana, l’église Nuestra Señora de la Concepción et le couvent de las Carmelitas), ces projets furent toutefois freinés par la crise nationale du 17ème siècle. Une fois que la ville atteignit la plaine, son expansion s’arrêta.
Elle reprit avec l’arrivée du rail dans la seconde partie du 19ème siècle, qui amena à la construction d’usines et l’installation d’industries dans le sud de la ville. La population grandit et des quartiers résidentiels se développèrent un peu partout de manière anarchique. Seuls les moulins de Don Quichotte restent d’une époque faste, veillant sur la ville du sommet de leur colline, invaincus tels des géants imaginaires.
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Article et photos par Alexandre Rosa