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Mur d’Hadrien – la limite nord de l’Empire Romain qui traverse l’Angleterre
Posté le Dimanche 20 juin 2010dans Architecture, Empire Romain, Grande Bretagne, Histoire, Pays, Ruines, UNESCOpar Alexandre RosaImprimerSi la Chine a sa Grande Muraille, l’Europe aussi a sa fortification géante qui court d’un bout à l’autre d’un pays. Elle fut construite par les Romains, à la limite nord de leur Empire, en Angleterre. C’est l’empereur Hadrien qui est à l’origine de cette impressionnante construction initiée en 122 après J.-C.
Le mur d’Hadrien, avec ses 4,5 mètres de haut et ses 2,7 mètres de large, s’étend sur 117 km. Il commence à l’est du fleuve Tyne jusqu’au Solway Firth à l’ouest et longe au sud la frontière actuelle entre l’Angleterre et l’Ecosse. Il s’agit de l’un des derniers vestiges du passage des Romains dans cette région.
Coupant littéralement l’île principale du Royaume-Uni actuel d’ouest en est, ce mur devait protéger le sud de l’île des attaques des tribus calédoniennes de l’actuelle Écosse. Contrairement à ses prédécesseurs, l’empereur Hadrien pensait en effet que même ce puissant empire devait être délimité.
Le mur a marqué le nord de l’empire romain en Grande-Bretagne pendant très longtemps, et c’était également la plus belle et la mieux fortifiée des frontières de l’empire. En plus de son utilisation comme fortification militaire, on pense que les portes du mur auraient également servi de postes de contrôle pour la perception de taxes sur les produits importés.
Une importante partie du mur existe toujours, en particulier dans la partie centrale et le mur est encore praticable à pied sans danger. C’est aujourd’hui l’attraction touristique la plus populaire du nord de l’Angleterre. En 1987, l’UNESCO l’a inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité.
En réalité, pas moins de deux fortifications traversant la Grande-Bretagne furent construites par les romains à la même époque, la seconde étant le Mur d’Antonin, dans l’actuelle Ecosse. Le Mur d’Hadrien est le plus connu des deux en raison de ses ruines encore visibles aujourd’hui. Et pourtant, il n’est construit qu’en pierre et en tourbe, les deux matériaux immédiatement disponibles aux alentours de cet imposant chantier.
La construction a donc débuté au cours de l’année 122 après J.-C. et fut achevée pour la plus grande partie en six ans. Tout commença à l’est pour progresser petit à petit vers l’ouest, avec les soldats des trois légions occupant la province de Bretagne qui suivaient et participaient aux travaux. L’itinéraire choisi suivait en grande partie la route de Stanegate menant de Luguvalium (aujourd’hui Carlisle) à Coria (Corbridge), où se trouvaient déjà alors un certain nombre de forts, dont Vindolanda. Nous en reparlerons à l’occasion d’un prochain article.
Le plan initial du Mur d’Hadrien prévoyait la formation d’un fossé au milieu duquel le mur serait érigé. Il devait être jalonné de 80 petits forts constituant autant de portes pour franchir la fortification. Placés à distance égale d’un mile romain (493 mètres), ils devaient être habités par quelques douzaines de soldats chacun. Cependant, très peu de ces forts sont espacés exactement d’un mile romain l’un de l’autre. Les architectes ont en effet dû s’adapter aux contraintes du paysage, mais aussi augmenter la concentration de forts pour améliorer la communication entre les troupes au niveau des forts importants de Stanegate, au sud.
De la roche calcaire locale fut donc utilisée pour la construction, bien que certains forts aient également été faits de bois et de terre à l’ouest d’Irthing. Les tourelles étaient quant à elles toujours faites en pierre. Ces dernières pouvaient avoir trois designs différents, dépendant de la légion romaine les ayant construit. Des inscriptions référant à la Seconde, la Sicième ou la Vingtième Légion nous indique laquelle d’entre elle fut impliquée dans la construction de telle ou telle structure. Toutes avaient cependant la même surface interne de 4,27 mètres carrés.
La construction fut divisée en sections de 8 kilomètres de long. Un groupe de chaque légion devait excaver les fondations et construire et forts et tours avant que d’autres groupes ne suivent pour relier ces différentes structures entre elles pour former le Mur en lui-même. Mais très tôt durant la construction, la largeur du Mur fut réduite à 2,5 mètres ou parfois même moins (1,8 m). On appelle la section alors construite le “Mur Etroit” (the “Narrow Wall”). Celle construite précédemment, plus large, fut baptisée “Broad Wall” (le “large mur”). Ces différences ont grandement aidé les archéologues à comprendre la chronologie de la construction du Mur d’Hadrien.
Après quelques années, il fut décidé que de 14 à 17 (les sources divergent) forts majeurs seraient ajoutés le long du mur, incluant celui de Vercovicium (aujourd’hui Housesteads) et Banna (Birdoswald), chacun abritant entre 500 et 1000 troupes auxiliaires (aucune légion n’était postée sur le mur). L’extrémité est du mur fut ensuite étendue de Pons Aelius (aujourd’hui la ville de Newcastle) jusqu’à Segedunum, dans l’estuaire de la rivière Tyne. Certains des forts les plus gros, comme celui de Housesteads dont sont issues la plupart des images illustrant cet article, furent construits par dessus les fondations de forts et tourelles plus petits, démontrant le changement de plan.
Une fois tout ceci achevé, le Vallum fut enfin construit du côté sud du Mur d’Hadrien. Ce monticule de terre massif fait office de rempart naturel géant courant lui aussi d’ouest en est à travers tout le nord de l’Angleterre. D’abord envisagé comme plus ancien que le mur, il fut prouvé que sa construction arriva en second.
L’ensemble formait ainsi une barrière censée protéger l’Empire Romain d’attaques en provenance de peuples des pays conquis par le prédécesseur d’Hadrien, l’empereur Trajan. Mais en dépit de sa soif d’ordre, Hadrien a très probablement fait construire son Mur comme symbole de la puissance romaine, à la fois dans la Bretagne occupée et à Rome.
Il faut savoir qu’aux origines de l’Empire, les frontières étaient principalement marquées par des structures naturelles ou par des zones fortifiées et grandement militarisées. Les routes militaires marquaient également souvent des frontières, avec des forts et des tours de signalisation réparties tout du long. Il fallut attendre le règne de Domitien pour que la première frontière solide soit construite, en Germanie Supérieure, avec une simple clôture. Hadrien développa l’idée, redessinant la frontière Allemande avec une palissade de bois continue. Bien que de telles défenses n’aient pu repousser une quelconque invasion stratégique, elle avaient le mérite de marquer physiquement la limite du territoire romain tout en permettant de voir plus facilement qui traversait la frontière et où.
Dans le même ordre d’idée, le Mur d’Hadrien a en fait principalement été construit pour empêcher l’entrée de petites bandes de contrebandiers tout en réduisant l’immigration en provenance du nord. Il n’aurait pas pu servir de ligne de front en cas d’invasion majeure.
Dans les années qui suivirent la mort d’Hadrien en 138, le nouvel empereur Antoninus Pius abandonna presque complètement le mur, ne le laissant occupé qu’en guise de support, et débuta la construction d’un nouveau mur environ 160 kilomètres plus au nord. Ce Mur d’Antonin d’une longueur d’un peu moins de 61 kilomètres avait significativement plus de forts que le Mur d’Hadrien, mais Antoninus fut malgré tout incapable de conquérir les tribus vivant au nord. Quand Marc Aurèle devint empereur à son tour, il abandonna ainsi le Mur d’Antonin pour se reconcentrer sur le Mur d’Hadrien en tant que barrière défensive principale en 164. Il resta occupé par les troupes romaines jusqu’à leur départ de Grande-Bretagne à la fin du 4ème siècle.
En 410, l’administration romaine et ses légions était partie et la Grande-Bretagne se retrouva avec ses propres défenses et son gouvernement. Certains anglais qui n’avaient probablement nulle part ailleurs où aller restèrent cependant vivre près du mur pendant de nombreuses générations. C’est ainsi que le mur traversa les siècles, bien qu’il ait affronté plusieurs bataille entre temps et que ses pierres furent réutilisées pour la construction d’autres bâtiments locaux. Un phénomène qui se poursuivit jusqu’au 20ème siècle, après un vaste pillage au 18ème siècle pour l’édification du réseau routier du nord de l’Angleterre. On doit le salut des parties survivantes du mur à John Clayton, un notaire de Newcastle.
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Article et photos par Alexandre Rosa
Ce qui me laisse toujours pensif, c’est l’ampleur des traces qu’ont laissé les romains. On a leur traces en Jordanie jusque dans Petra, là le mur d’Hadrien entre l’Angleterre et l’Ecosse. 2 situations qui les éloignaient quand même pas mal de la méditérannée où je comprends mieux leur présence.
Ton article est très intéressant sur le plan historique. Je trouve que ce mur est bien conservé malgré son ancienneté. Et comme d’habitude, ton article est riche en photos qui sont très réussies.