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Cathédrale Luthérienne d’Helsinki – une icône allemande sur l’ancienne terre des tsars
Norske Opera – le renouveau de la banlieue d’Oslo en lignes obliques
Le Monastère d’Horezu, chef-d’œuvre de l’art Branconvan en Valachie
Le château de Dracula au cœur des Carpates : la citadelle de Poenari
Falaises de Moher – quand l’Irlande plonge de 214 mètres dans l’Atlantique
Château de Balmoral – la résidence écossaise de la Reine Victoria et du Prince Albert
Panthéon de Rome – le plus grand dôme de l’Antiquité, tombeau des grands Hommes
Bastion des Pêcheurs – un rempart « moderne » sur les hauteurs de Budapest
Statue de la Liberté de l’île des cygnes à Paris – une maquette signée Bartholdi
Bryggen – les demeures en bois colorées de la Ligue Hanséatique à Bergen
La Pointe du Raz – une proue de granite à l’extrême ouest de la France
Arènes de Lutèce : un amphithéâtre gallo-romain au cœur de la capitale
Chinagora – un complexe touristique sous forme de Cité Interdite fantôme à deux pas de Paris
De la Bavière à la Provence : des santons à la basilique de Fourvière pour sa crèche de Noël géante
Marché Médiéval de Noël à Provins – Rois Mages et troubadours animent banquet et bal d’époque
La Marche des Dinosaures fait revivre les géants du passé à Bercy
Posté le Dimanche 27 décembre 2009dans Théâtre, Zoospar Alexandre RosaImprimerVous vous souvenez certainement de la série documentaire produite par la BBC “Sur la terre des dinosaures”, diffusée en France en 1999 sur les ondes de France 3. Tournée à la manière de documentaires animaliers, celle-ci avait la particularité de nous emmener observer des animaux disparus depuis 65 millions d’années comme si les réalisateurs avaient réellement voyagé dans le temps. Pour ce faire, des techniques modernes d’effets spéciaux n’ayant rien à envier à Jurassic Park avaient été employées, avec cette fois une approche éducative. Les producteurs sont allés encore plus loin en imaginant une version “live” de leurs dinos. TravelPics est parti à leur rencontre cette semaine au Palais Omnisport de Paris Bercy.
La série, vue par plus de 700 millions de téléspectateurs à travers le monde, avait de quoi inspirer les producteurs. Il fallait cependant inventer une technologie innovante pour donner vie à ces créatures du passé. Nombre de recréations de dinosaures existent déjà dans les divers musées d’histoire naturelle à travers le monde ainsi que dans de nombreux parcs d’attraction. Certains musées sont même spécialisés en dinosaures, à l’instar de Dinovotion, ouvert cette année près de Metz. Mais, constitués de squelettes métalliques animés par des actionneurs hydrauliques et recouverts par d’épaisses peaux en mousse de latex ou en uréthane, ces robots sont lourds, reliés à des machineries encombrantes (pompes hydrauliques et systèmes informatiques), et bien incapables de se déplacer en marchant.
C’est pourtant ce que font les dinosaures de La Marche des Dinosaures, le titre français de ce spectacle évènement en tournée dans le monde entier. Sans rails ni aucun lien avec l’extérieur, ils tiennent sur leurs pattes et avancent en remuant naturellement comme s’ils étaient en vie. En raison de leur taille, le spectacle ne peut se jouer que dans une arène du type d’un stade, mais il serait bien possible techniquement de les emmener dans la rue poursuivre si les passants. On se rend alors compte sur ces créatures sont bien vivantes, indépendantes et crédibles de la tête au pied. Alors comment ces magiciens des effets spéciaux ont-ils fait? C’est ce que nous vous proposons de découvrir.
Conçues comme des marionnettes géantes à la structure allégée le plus possible, les géants de la Marche des Dinosaures ont toute leur alimentation énergétique et leur système informatique embarqués. Pour créer un Torosaure capable de marcher, de bouger la queue, le cou et la tête de manière réaliste, le superviseur de la fabrication des créatures Sonny Tilders a ainsi d’abord conçu un squelette d’aluminium et de fibre de verre. La forme du dinosaure a été obtenue en taillant 132 mètres de mousse souple ultra-légère, que l’on a ensuite recouverte de 296 mètres de tissu en lycra. L’assemblage obtenu a été coloré avec 200 litres de peinture. A l’intérieur du Torosaure sont disposés six moteurs hydrauliques alimentés par douze batteries de camion. Le tout est posé sur une base équipée de roues, que l’animateur du dinosaure pilote comme une voiture ultra-basse.
Comme les 14 autres dinosaures présentés au cours du spectacle, le Torosaure peut rugir à volonté, renifler et interagir avec les autres créatures qui s’ébattent devant le public. D’abord créé pour le public australien en janvier 2007, le spectacle a fait le tour des Etats-Unis jusqu’en 2009. Il voyagera en Europe toute cette année 2010, avant de retraverser l’Atlantique en 2011. Dirigé par Scott Faris, un ancien de Broadway, le spectacle dispose également d’une bande originale à vous faire frissonner, composée par James Seymour Brett, également auteur de musiques de films tels que 2012, A la Croisée des Mondes, 10.000, Transformers, Alien vs Predator ou encore The Island, il a travaillé avec les plus grands. De fait, cette musique n’a rien à envier à celle d’un gros blockbuster américain, comme le montre cette vidéo HD exclusive d’une quinzaine de minutes, tournée par notre équipe :
Ce n’est pas la seule chose qui fait penser à un film à gros budget. Ces dix dernières années, Sonny Tilders, qui a conçu et construit les créatures, a en effet été l’une des forces créatrices majeures dans le monde high-tech des marionnettes d’animatronique pour le cinéma et la télévision. Il fut l’un des principaux ingénieurs d’animatronique pour l’atelier de créatures de Jim Henson dans la série Farscape, suivie par une collaboration à Star Wars: Episode III, Peter Pan, Ghost Rider et Les Chroniques de Narnia.
Tilders précise : “Beaucoup de technologies que nous utilisons pour La Marche des Dinosaures sont empruntées au cinéma. Les logiciels et matériel informatiques que nous avons développés se basent sur les systèmes servant à contrôler les créatures d’animatronique dans les films de cinéma.” Il aura fallu un budget de 15 millions d’euros pour y parvenir. Enfermés dans les entrepôts des Melbourne Docklands, 50 ingénieurs, inventeurs, fabricants de peau, artistes, peintres et experts en animatronique de The Creature Production Company ont travaillé à la création de ces merveilles d’animation pendant un an.
Afin de les rendre le plus réaliste possible, les créateurs ont utilisé un système appelé "sacs de muscles". Ces sacs en tissu extensible en maille, remplis de billes de polystyrène et placés à des points d’articulation du corps des dinosaures, se contractent et se détendent comme de vrais muscles sous la peau artificielle en tissu des dinosaures. L’effet est saisissant, mais pour y parvenir, il faut au total une équipe de 3 personnes pour manipuler chaque gros dinosaure : 1 conducteur, caché dans la base roulante de l’animal, et 2 marionnettistes dont un qui opère les grands mouvements de la tête et la queue, et l’autre qui est en charge des petits mouvements – bouche, clignement des yeux et rugissements.
Avec une telle débauche de moyens et ce fameux réalisme dont on ne cesse de parler, il aurait été facile de produire un spectacle entièrement basé sur le sensationnalisme. Il faut dire que les créatures ont été recréées à l’échelle 1:1. Des dinosaures grandeur nature donc, mais il faudra les voir de vos propres yeux pour vous en rendre compte. Le plus grand, le brachiosaure, mesure plus de 11 mètres de haut et s’étend sur 19 mètres de la tête au bout de la queue, soit la longueur de deux autobus. De quoi surprendre, surtout qu’ils sont deux sur la scène de La Marche des Dinosaures à vivre leur vie sous les yeux du public. Car il ne s’agit pas d’une exhibition pure et simple : le spectacle se veut scripté et éducatif.
Durant l’heure et demie que dure le spectacle, 200 millions d’années de l’histoire des dinosaures nous est comptée. Du trias au jurassique en passant par le crétacé, les décors changent au fil des époques en même temps que les espèces présentées par un paléontologue présent sur scène. Evoluant au milieu des dinosaures, il est aussi utile pour nous commenter la vie de ces géants disparus que pour servir de référence d’échelle et nous permettre de réaliser la taille de ces machines incroyables. D’autres sont plus petits, comme les Utahraptors ou encore le bébé T-Rex du show. Ceux-là peuvent réellement courir. Ils ne roulent pas, et pour cause : ils sont manipulés par un seul marionnettiste dont le haut du corps est caché dans l’abdomen du reptile. Le reste des mouvements est contrôlé à distance, mais l’effet est fulgurant de réalisme en dépit du fait que les jambes du comédien soient visibles, nous autres les humains n’ayant pas la faculté de plier nos genoux “à l’envers” comme le font les sauriens.
Chaque scène s’articule autour d’une petite péripétie mettant en scène le dinosaure concerné. Qu’il s’agisse d’une maman brachiosaure protégeant ses petits des prédateurs, d’un ptéranodon géant survolant une tempête en plein océan, de deux Torosaures se battant pour le leadership de la meute, ou encore d’une maman T-Rex nourrissant son bébé, chacune des scènes est teintée de poésie et d’humour tout en restant scientifiquement validée par les spécialistes. Ce n’est pas pour rien que Tim Haines, producteur de la série pour la BBC, a servi de consultant sur le spectacle. De leur apogée jusqu’à leur extinction, probablement due à une météorite ayant frappé la terre et précipitant leur fin, l’histoire des dinosaures est ainsi présentée de façon magistrale et de la manière la plus réaliste qui nous ait été donné de voir dans la Marche des Dinosaures.
La dernière représentation française aura lieu cet après-midi, la tournée n’ayant passé que 5 jours en France. Pour les francophones, il faudra attendre le mois de mai prochain pour que les 27 semi-remorques du spectacles fassent escale à Bruxelles avant de revoir les dinosaures les plus vivants de la planète se mettre en marche.
Article et photos par Alexandre Rosa
Vidéo par Stéphane Hacquin (à venir)
Cela doit être vraiment impressionnant de voir ces énormes bêtes si réalistes si proche de nous.