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La Fête des Lumières 2009 illumine le patrimoine lyonnais pendant 4 nuits
Posté le Jeudi 10 décembre 2009dans Art, Feux d'artifices, France, Histoire, Nocturne, Noël, Special Eventpar Alexandre RosaImprimerLe 8 décembre est une date particulière pour tout lyonnais qui se respecte. C’est le jour où la ville s’illumine, des monuments aux balcons des particuliers, de mille couleurs lumineuses et chatoyantes. Depuis 1852, cette date est connue comme la Fête des Lumières. Depuis quelques années, l’évènement a même une ampleur internationale et attire des touristes de 21 nationalités différentes au cœur de la capitale des Gaulles. Nous étions à Lyon le weekend dernier pour vous faire vivre l’évènement.
Tout a commencé il y a plus de 150 ans. Au matin du 8 décembre 1852, près de 400 prêtres et 10.000 fidèles s’étaient donnés rendez-vous à la basilique de Fourvière, qui domine la ville. En ce jour de Fête de l’Immaculée Conception, dont le culte est depuis longtemps vivace à Lyon, on inaugure la statue de “Notre-Dame de Fourvière”. La Vierge, réalisée en bronze dorée à la feuille par Victor Fabisch et posée quelques jours plus tôt au sommet de la chapelle. Les lyonnais sont impatients. La cérémonie aurait en effet dû avoir lieu trois mois plus tôt, le 8 septembre. De graves inondations avaient en effet noyé l’atelier du fondeur pendant l’été, obligeant les organisateurs à reporter l’inauguration.
Mais en ce début d’hiver, la météo va une nouvelle fois jouer un tour aux lyonnais. Peu après la messe de midi, l’orage gronde et de violents vents s’abattent sur la ville. “Le cardinal avait prévu des illuminations officielles à partir de 19 heures, quand les ouvriers sortent des usines. Mais à Fourvière, on ne peut dresser les portiques qui accueilleront les feux de Bengale”, détaille pour nous l’auteur historien Gérald Gambier. La cérémonie officielle fut donc de nouveau reportée, de quelques jours cette fois, au 12 décembre.
Peu avant la nuit, la tempête cesse enfin, laissant place à un arc-en-ciel au-dessus de la ville. Pour les croyant, c’est le déclencheur. En écho à un épisode de la Bible (l’arc-en-ciel qui accueillit Noé à sa sortie de l’Arche, ndlr), ils l’interprètent aussitôt comme un signe de reconnaissance de la Sainte Vierge. Spontanément, quelques lueurs éclatent sur les pentes des collines qui entourent Lyon. Les grands évènements se fêtent traditionnellement en lumière à l’époque. Huiles et bougies s’arrachent auprès des commerçants. A 20 heures, toute la ville est illuminée, des rez-de-chaussées aux mansardes, du centre aux banlieues en passant par les quais de Saône.Les lyonnais sont dans les rues, et les autorités civiles et religieuses ne peuvent que constater cette vague de ferveur populaire spontanée et prennent le relais dimanche 12 en embrasant mairies et églises.
Depuis cette époque, il est d’usage de poser chaque nuit du 8 décembre au soir toutes sortes de lumignons sur tous les balcons des habitations lyonnaises. Depuis les années 1960, tous les élèves des écoles maternelles et primaires de Lyon ont un atelier de confection de lumignons. Souvent à partir d’un pot de yaourt en verre, les enfants peignent ainsi de petits récipients colorés dans lesquels ils plongeront une petite bougie cannelée (et pas une simple bougie chauffe plat) le soir venu. Ainsi alignées sur les rebords des fenêtres, les lumières vacillent et scintillent de toutes les couleurs jusqu’au lendemain matin. Exposés au froid, à la pluie et au vent, les lumignons séduisent largement : 8 millions d’unités ont été vendues sur le Grand Lyon en 2008.
Voilà pour la tradition. La mairie ne tarde pas à participer aux célébrations en imaginant dès 1989 un Plan lumière et une Fête des Lumières tout ce qu’il y a de plus officielle. Chaque année, des monuments sont ainsi mis en lumière de manière pérenne début décembre. 158 sites étaient ainsi concernés en 1995. Depuis 1999, le “Festival Lyon Lumières” s’étend désormais sur plusieurs nuits jusqu’au 8 décembre, étendant la fête tout le long du weekend qui précède la célèbre date, permettant ainsi à plus de touristes de venir profiter des animations. Depuis 2002, la lumière est ainsi utilisée comme outil de promotion au service de la ville suite à la création de LUCI, le réseau international des villes de lumière.
Et ça marche! Même si “personne n’a jamais compté les touristes”, selon Jean-Michel Daclin, adjoint chargé des relations internationales et du rayonnement de la ville, les organisateurs estiment que le chiffre d’affaires des commerçants est multiplié par quatre pendant les quatre jours de la Fête des Lumières. 3,5 millions de voyages sont réalisée sur le réseau TCL des transports en commun de Lyon pendant la durée du festival, et 60% du parc hôtelier de la ville est réservé 6 mois à l’avance. Ce sont ainsi 15.000 chambres qui sont occupées. “La fête participe au rayonnement international de Lyon au même titre qu’une équipe de foot bien connue”, espère Guillaume Decitre, le PDG de la librairie portant son nom.
Il faut dire que la fête dispose d’un budget de plus en plus conséquent avec les années. Au total, près de la moitié du budget de l’évènement, soit 2,5 millions d’euros, est financé par le privé. C’est du mécénat, les partenaires trouvant leur compte dans cette manifestation en terme de retour d’image, les retombées économiques directes n’étant pas réellement évaluables. Ce sont donc les lyonnais qui sont les grands gagnants de l’opération puisqu’ils peuvent profiter chaque année de créations nouvelles mettant en valeur les monuments de leur patrimoine.
Tous les ans, à peine une édition de la fête des lumières est-elle achevée que l’équipe se remet à l’ouvrage. Non pas qu’il faille un an pour préparer quatre jours de folie, mais parce que pour tenir les délais, les appels à projets doivent être lancées dans les premiers jours du printemps. C’est donc une équipe de 12 personnes au total qui s’y colle. Ils suivent pas moins de 60 projets jusqu’à l’automne. Après les premiers repérages, qui ont lieu courant juillet, le partie artistique bat son plein jusqu’au dernières semaines. “Synopsis lumière, projections, bandes-son, rien ne peut être laissé au hasard”, rappelle Jean-François Zurawik, qui coordonne l’ensemble. “Le jour J, pas le droit de tomber sur des mauvaises surprises”.
Dans le cahier des charges soumis aux concepteurs postulants, jamais de thème imposé. On demande aux candidats de s’inspirer du lieu, de tenir compte de l’histoire du site, des modes de vie des habitants, bref de la sociologie du quartier. D’une manière générale, la mise en place de toutes les installations ne prend pas plus de quatre jours. Beaucoup d’équipes venues de tous les coins de l’Hexagone sont présentes à Lyon dans les derniers jours qui précèdent la fête, représentant un total de 500 personnes.
De leur côté, les techniciens d’ERDF, une filiale d’EDF pour la distribution, s’installent pendant 4 jours, ou plutôt 4 nuits, dans des locaux délocalisés au cœur de la ville. L’enjeu de cette délocalisation : intervenir à pied ou en deux roues sur des dépannages, le plus vite possible malgré la foule et les rues rendues piétonnes dans tout le centre. Ils ne sont pas exceptionnels, compte tenu du nombre de scénographies et de branchements provisoires : on en compte de 1 à 5 en fonction des spectacles et de leur ampleur lumineuse et sonore.
Grâce au renforcement de tous les réseaux, les 70 projets artistiques créés chaque année peuvent émerveiller les millions de visiteurs attendus. Chacun y cherche quelque chose de différent, comme cette Québécoise installée sur le marché de noël de la place Carnot qui témoignait l’année dernière “Je l’ai cherché votre fête, mais je ne l’ai pas trouvée. On marche, on regarde, mais personne ne s’éclate vraiment”. On lui expliquera que c’est une question de mots, et que peu de fêtards viennent en effet à la Fête des Lumières du 8 Décembre à Lyon. Le but est surtout d’être les témoins d’un agréable spectacle sur les places publiques, après avoir soi-même installés ses petites illuminations privées.
Du côté des scénographies, les créateurs avaient une fois de plus fait la part belle aux projections cette année. On avait l’habitude des projections “colorisantes” qui, appliquant un masque de couleurs reprenant la silhouette de la façade servant d’écran à la création, mettait cette dernière en couleur. Désormais, ce sont de véritables petits films qui sont projetés en géant sur les monuments de Lyon, à l’instar de celui de la cathédrale St Jean. Les deux mains géantes qui viennent se poser sur la façade, la “pétrir” comme le dit Damien Fontaine, son créateur, tentent de relater les étapes successives de la construction de l’édifice. Un voyage dans le temps depuis l’époque du temple gallo-romain jusqu’à l’esquisse final. Un bel hommage à ceux qui l’ont construit.
Toujours dans le Vieux Lyon mais plus haut, la basilique de Fourvière où tout a commencé était également de la fête. Même les carillons étaient de la fête pour cette mise en valeur architecturale. Illuminée, enfumée et balayée de projecteurs mobiles dignes d’un concert, la basilique présentait quatre époques de l’histoire de la peinture. Dans cette féerie, les matériaux se mettent en transe. Statues, tours, encorbellements, tableaux et autres colonnes se déhanchaient sous nos yeux, au son d’un véritable concert de cloches. Notre-Dame de Fourvière comme on ne l’avait jamais vue!
Pour en arriver là et compte tenu de l’influence, pas question de ne laisser ouvert qu’un seul accès au sommet de la colline de Fourvière. Sur la colline, la montée de Chazeaux a ainsi été ouverte et illuminée elle aussi. Jalonnée par des fils lumineux, cette promenade ascendante était également le théâtre de projections retraçant l’histoire des souterrains de Lyon. Plus haut, les jardins du Rosaire n’étaient pas en reste avec des mises en lumière en lacets surplombés par Fourvière. L’idée est lumineuse : plutôt que de regarder la colline depuis les berges de la Saône en contrebas, montons-y carrément!
Du côté de la Place Bellecour, la Grande Roue, tant attendue l’an dernier, s’est transformée en musée à ciel ouvert l’espace de quatre nuits. Le vent et les risques d’arrachage de la vaste toile écran qui devait être déployés sur les rayons de la roue en 2008 avaient contraint les organisateurs de “La Nuit au Musée” à abandonner le projet. Une idée qui se concrétise enfin en 2009, la grande roue de la plus grande place de Lyon devenant support de diffusion artistique en projetant en son centre des œuvres du Musée des Beaux-Arts. La boucle dure une douzaine de minutes. La présentation des pièces, une trentaine au total, sera entrecoupée de citations d’écrivains qui y ont trait. Le fruit d’un travail de recherche mené avec la librairie Decitre, voisine et partenaire.
Sur la place des Terreaux, qui borde l’Hôtel de Ville de Lyon, on est resté bouche bée devant les tableaux de “Jouons avec le temps” de Marie-Jeanne Gauthé. Son travail nous a plongé dans une dialectique à deux dimensions. Nous avons valsé avec les deux éléments clés de notre vie que sont le climat et la durée. D’un côté, sur les façades du palais Saint-Pierre, une horloge… qui peut dérailler. Sur celles de l’Hôtel de Ville, les frasques des saisons. l’hiver qui fige les murs sous la glace. les inondations dévastatrices. Et la chaleur qui fait se tordre els bâtiments. le tout dans de terribles ambiances sonores… Un beau travail de projections qui, à la nuit tombée, transforment réellement la place des Terreaux en théâtre à ciel ouvert et en 3D dans lequel on se retrouve plongé au cœur de l’action.
Comme il y a deux ans, la place Louis-Pradel, au pied de l’Opéra de Lyon, s’est parée cette année d’un magnifique tapis fleuri. Planté par la société drômoise Tilt, ce jardin se compose de cinq types de végétaux lumineux qui se répartissent sur la place qui devient ainsi un bois sacré dont les cheminements traversent des ambiances enchanteressses. Au fil de la nuit, les Pissentlits, les Herbus follus et les Echinodernus limunis prennent des couleurs. Tout ici est mis à contribution pour la détente : le ruisseau, les arbres, les ombres, la nature et la ville. Bref, tout pour une “rêverie sauvage et bucolique”.
Des airs de fontaine de Trévi sur la place des Jacobins? Des images de films italiens des années 60? Voilà ce à quoi nous invitait la “Dolce Vita” à la lyonnaise. La scénographie proposait un écran qui s’ouvrait sur l’ensemble des façades de la place. Les saynètes racontaient des bouts de comédie, tantôt joyeuses, tantôt sombres… Au centre, la fontaine servait de support ludique où les images se succédaient au gré des projections sur les immeubles alentours. Une mise en lumière fellinienne.
Malgré toute cette débauche d’illuminations et dans le contexte actuel, la Fête des Lumières 2009 a également pour principe d’économiser l’énergie, à l’instar des nouvelles illuminations des Champs-Elysées à Paris cette année. Outre les leds, le Plan Lumière donne toute sa place aux lanternes à éclairages sélectifs, que l’on soit côté chaussée ou côté trottoir. Il est totalement inscrit dans la problématique du développement durable et intègre la diminution nécessaire de la consommation pour revenir, en 2014, à celle de 1989, soit celle avant le premier Plan Lumière. Un très gros flashback si l’on considère que ces cinq dernières années, le nombre de voiries et projets éclairés a grimpé de 42.000 à 67.000. Ainsi, malgré l’augmentation du nombre de points lumineux, Lyon a réussi à diminuer la consommation d’1,6 millions de kWh entre 2006 et 2007. Et dans les rues de la ville, plus de 1300 lanternes vont passer de 400W à 250W, soit une baisse de 40%.
Pour aider son prochain, le lumignon également se fait solidaire grâce au Secours Populaire français. Acheter des lumignons du cœur est en effet l’occasion de venir en aide à une association humanitaire. En ventre pour 2 euros, ces lumignons aideront à agir contre la pauvreté et l’exclusion en France et dans le monde dans une démarche d’accompagnement et non d’assistanat. Pour mieux communiquer sur cette opération nouvelle en 2009, 5000 lumignons du cœur ont été mis en scène dans une fresque au pied du Théâtre des Célestins. Le public étaient d’ailleurs invité à déposer ses propres lumignons sur la structure.
NDLR : une vidéo présentant toutes les animations citées dans ce reportage sera bientôt diffusée ici-même en haute-définition. Revenez vite!
Article, photos et vidéos par Alexandre Rosa
Montage vidéo par Stéphane Hacquin
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[...] Ce billet était mentionné sur Twitter par Fabienne Malenfant, marie-line tobie. marie-line tobie a dit: des images vraiment superbes de la fête des lumières à Lyon. voyez par vous-même: http://cli.gs/v3SQ6 [...]
Merci pour ce superbe Post
j’ai eu la chance d’avoir participé cette année je souhaiterais partager avec vous en toute modestie cette immersion dans la fête
http://myriamax.com/blog/content/lyon/
Cordialement.
Merci Myriamax pour ce superbe panoramique. Étant donné les faibles conditions lumineuses, ça n’a pas dû être facile, d’autant plus que la prise de vue semble être réalisée en hauteur et au milieu de la foule. Le résultat est de toute beauté! Félicitations!