Les Aiguilles de Port-Coton à Belle-Île en Mer : le trésor de Claude Monet
Gravures rupestres d’Alta–des rennes de l’âge de pierre gravés le long des fjords
Storforsen – les plus grandes cataractes naturelles d’Europe traversent la Laponie
Cathédrale Luthérienne d’Helsinki – une icône allemande sur l’ancienne terre des tsars
Norske Opera – le renouveau de la banlieue d’Oslo en lignes obliques
Le Monastère d’Horezu, chef-d’œuvre de l’art Branconvan en Valachie
Le château de Dracula au cœur des Carpates : la citadelle de Poenari
Falaises de Moher – quand l’Irlande plonge de 214 mètres dans l’Atlantique
Château de Balmoral – la résidence écossaise de la Reine Victoria et du Prince Albert
Panthéon de Rome – le plus grand dôme de l’Antiquité, tombeau des grands Hommes
Bastion des Pêcheurs – un rempart « moderne » sur les hauteurs de Budapest
Statue de la Liberté de l’île des cygnes à Paris – une maquette signée Bartholdi
Bryggen – les demeures en bois colorées de la Ligue Hanséatique à Bergen
La Pointe du Raz – une proue de granite à l’extrême ouest de la France
Arènes de Lutèce : un amphithéâtre gallo-romain au cœur de la capitale
Chinagora – un complexe touristique sous forme de Cité Interdite fantôme à deux pas de Paris
De la Bavière à la Provence : des santons à la basilique de Fourvière pour sa crèche de Noël géante
Marché Médiéval de Noël à Provins – Rois Mages et troubadours animent banquet et bal d’époque
L’Opéra de Copenhague aussi bon que celui de Sydney?
Posté le Dimanche 26 octobre 2008dans Architecture, Concert, Contemporain, Copenhague, Opéra, Pays, Théâtrepar Alexandre RosaImprimerCeci est l’opéra de Copenhague. Ce bâtiment majestueux a été inauguré en janvier 2005 sur l’île de Holmen, dans le port de la capitale danoise. Que l’on aime l’architecture moderne ou pas, on ne peut que s’incliner devant une construction aussi imposante. Si l’auditorium de 1800 places n’est pas parmi les plus grands, il rivalise malgré tout sans difficulté avec d’autres opéras plus célèbres.
Avant mon arrivée à Copenhague, j’ai rapidement étudié la configuration de la ville sur internet et dans les guides. Au milieu de la masse d’informations que j’ai trouvé, une minuscule photo avait attiré mon attention. C’était une photo similaire à celle que vous avez vu ci-dessus. J’ai immédiatement su que ce bâtiment serait prioritaire sur la liste de mes visites des trésors de la ville.
J’ai eu l’immense chance de visiter cette institution de fond en comble, du foyer à l’auditorium, en passant par la scène, les coulisses, les salles de répétition, les ateliers de construction des nouveaux décors, les salles de maquillage et de costuming, les loges, les salles de danse etc… Je vais ici partager avec vous autant que j’y suis autorisé.
L’architecture tout d’abord. Elle est l’oeuvre de Henning Larsen, éminent architecte danois. Il a été commandité par le riche Mærsk Mc-Kinney Møller qui, un beau jour, ne sachant probablement plus quoi faire de son argent, a décidé de donner un opéra à sa belle ville. Il faut dire qu’il en a les moyens, étant propriétaire du groupe pétrolier A.P. Møller-Mærsk. Henning Larsen n’a pourtant pas vraiment apprécié le dirigisme du riche commanditaire. De nombreux désaccords sont intervenus entre les deux hommes, notamment sur la façade du bâtiment, que Mærsk a refusé de transformer en baie vitrée à cause du supposé vieillissement du verre. A la place, on se retrouve donc avec une structure métallique cachant une partie de la "coque" en bois de l’auditorium, donnant sur le foyer.
Au final, l’architecte a bien failli abandonner le projet en cours. Mais, tenu par un contrat en béton, il a mené les travaux à terme, tout en restant discret sur les causes des désaccords avec son mécène. On se contentera donc de sa réponse en forme de "le processus [de coopération] a été incroyablement compliqué et difficile physiquement et psychiquement".
Controversée, l’architecture de l’opéra déchaîne les passions. Surnommé "le grille-pain" ou "le terminal d’aéroport" par ses détracteurs, l’opéra a tout de même soulevé quelques critiques très positives. Quoi qu’il en soit, sa position, juste en face du Palais Royal d’Amalienborg, en fait un monument important de Copenhague.
C’est un peu comme si on construisait un monument d’art moderne dans la perspective de la Tour Eiffel, en lieu et place du Trocadéro à Paris. Sauf qu’ici, avant cette construction, il n’y avait rien que des docks et autres vieux entrepôts en brique.
Si l’emplacement est de choix visuellement parlant, il n’en était pas de même d’un point de vue transports, d’autant plus qu’il a été décidé que des canaux seraient creusés autour de l’opéra afin de le situer sur une fausse "île" de 35.000 mètres carrés. Une ligne de bus a dû être prolongée pour le rendre accessible, et une nouvelle ligne de bateaux-bus fait la traversée régulièrement depuis le centre ville.
Le foyer, visible ci-dessus, est le résultat d’une étude comportementale réalisée auprès de spectateurs réguliers d’opéras. Tout a été fait pour améliorer leur confort, agrandissant la surface murale contre laquelle s’appuyer, tout en leur procurant une des plus belles vues de la ville, par delà le port.
Pavé de marbre de sicile, ledit foyer est en partie éclairé par les trois immenses lustres créés par l’artiste Islandais Olafur Eliasson. Chacun sont formés de plusieurs milliers de pièces de verre semi-perméables à la lumière. Une partie de la lumière les frappant passe donc à travers, tandis qu’une autre partie est reflettée, d’une manière différente en fonction de l’angle d’observation. Il en résulte l’apparition de reflets bleutés et rougeoyants.
Mais le principal n’est-il pas l’auditorium lui-même? Il a cela de spécial que son accoustique, réalisée par le bureau Ove Arup & Partners International, a été salué par la critique. Avec suffisament de place dans la fosse pour accueillir un orchestre pouvant aller jusqu’à 110 musiciens, l’opéra de Copenhague est la troisième scène au monde du point de vue de la taille de l’orchestre.
Comme au Théâtre Royal de Copenhague, la reine a sa propre loge dans la salle de l’opéra car, oui, les danois sont encore sous une monarchie comme les anglais. Cette loge est la seule à disposer d’une petite salle dans laquelle la reine peut fumer autant qu’elle le souhaite. C’est la seule salle de l’opéra où fumer est autorisé, mais pour la reine uniquement! Pour ce qui est de l’emplacement de cette loge, très proche de la scène du côté gauche de l’auditorium, ce serait là le fruit d’une demande de la monarque, qui affirme aimer voir les artistes se préparer en coulisses derrière les rideaux latéraux juste avant d’entrer en scène.
Les murs de l’autorium constituant sa coque donnant sur le foyer, ainsi que les bords des balcons sont faits en bois d’érable. L’intention était que le rendu serait le même que le bois d’un violon, mais la technique s’avéra trop coûteuse.
Le sol entre les sièges des spectateurs est en chêne fumé. Quant au plafond, il est couvert de quelque 105.000 feuilles d’or à presque 24 carats. De l’or pur ne collerait pas assez. Quant à l’éclairage des balcons, à base de diodes luminescentes (LED), il a pour intérêt de pouvoir être manipulé de manière efficace en lui donnant diverses luminosités.
Mais ce n’est pas tout! Si deux de ces scènes sont visibles ci-dessous à gauche, le bâtiment contient plus de 1000 salles. Il y a donc bien d’autres choses que l’on vous cache, comme de nombreuses salles d’échauffement de la voix avec un coach (ci-dessous à droite, avec un piano électrique… de quoi choquer les puristes) ou de répétition pour les chorales (au centre). Le sous-sol du théâtre accueille également une immense salle de répétition pour l’orchestre. Couverte de bois pour l’accoustique, elle est située 13 mètres sous le niveau de la mer. Je ne peux vous la montrer.
L’opéra dispose de tout l’équipement de scène disponible pour y accueillir des ballets et autres productions, incluant des ascenceurs de scène, des sols amovibles ou rotatifs etc… Le bâtiment est constitué de pas moins de 14 étages couvrant 41.000 mètres carrés. Il dispose également d’une superbe terrasse abritée derrière une verrière, au sommet de l’édifice, juste sous le long toit. C’est là, derrière l’opéra, que tous les employés ont leur cantine avec vue sur la ville. De cette manière, ils peuvent prendre le soleil sans être vus d’en-bas (photos ci-dessous sauf celle de droite).
L’opéra garde encore quelques secrets, comme une autre scène de représentation, qui est un vrai petit théâtre à lui seul. Il dispose de son propre foyer pour acceuillir les visiteurs férus de théâtre expérimental. Ne vous attendez pas cependant à une débauche de moyens dans cette plus petite salle, qui n’est rien d’autre qu’une boîte noire avec sièges à apparence provisoire. Photos ci-dessous :
Peut-être pas aussi célèbre que l’Opéra de Sidney, celui de Copenhague est donc une véritable perle à la pointe de la technologie. Idéalement placé, il fait définitivement partie du paysage de la capitale danoise. S’il ne dispose que de peu de sièges comparé à d’autres salles, c’est pour préserver son accoustique exceptionelle. Alors que vous soyez fans d’opéras ou pas, son statut de monument en fait malgré tout un élément incontournable de votre visite à Copenhague. De toute manière, il serait difficile de le manquer!
On termine avec la vue depuis sa terrasse, réservée aux employés :