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Storforsen – les plus grandes cataractes naturelles d’Europe traversent la Laponie
Cathédrale Luthérienne d’Helsinki – une icône allemande sur l’ancienne terre des tsars
Norske Opera – le renouveau de la banlieue d’Oslo en lignes obliques
Le Monastère d’Horezu, chef-d’œuvre de l’art Branconvan en Valachie
Le château de Dracula au cœur des Carpates : la citadelle de Poenari
Falaises de Moher – quand l’Irlande plonge de 214 mètres dans l’Atlantique
Château de Balmoral – la résidence écossaise de la Reine Victoria et du Prince Albert
Panthéon de Rome – le plus grand dôme de l’Antiquité, tombeau des grands Hommes
Bastion des Pêcheurs – un rempart « moderne » sur les hauteurs de Budapest
Statue de la Liberté de l’île des cygnes à Paris – une maquette signée Bartholdi
Bryggen – les demeures en bois colorées de la Ligue Hanséatique à Bergen
La Pointe du Raz – une proue de granite à l’extrême ouest de la France
Arènes de Lutèce : un amphithéâtre gallo-romain au cœur de la capitale
Chinagora – un complexe touristique sous forme de Cité Interdite fantôme à deux pas de Paris
De la Bavière à la Provence : des santons à la basilique de Fourvière pour sa crèche de Noël géante
Marché Médiéval de Noël à Provins – Rois Mages et troubadours animent banquet et bal d’époque
Tarzan, l’exposition rugissante au Musée du Quai Branly
Posté le Jeudi 18 juin 2009dans Architecture, Art, Littérature, Muséespar Alexandre RosaImprimerInauguré le 20 Juin 2006, le Musée du Quai Branly, ou Musée des Arts et Civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques, était un projet ambitieux qui tenait à cœur à Jacques Chirac, l’ancien Président de la République Française. Conçu par l’architecte Jean Nouvel, le bâtiment qui abrite ce nouveau grand musée parisien est situé sur le Quai Branly, non loin de la Tour Eiffel.
En partie pour faire référence à la grande dame de fer parisienne, le pont a été imaginé comme un pont de 3200 tonnes sur lequel un ensemble de cellules ont été arrimées au-dessus d’un jardin de 18.000 m² conçu par l’architecte paysagiste Gilles Clément. L’ensemble a coûté 233 millions d’euros, ce qui n’a pas manqué de soulever la controverse.
Le musée est composé de quatre bâtiment. A l’intérieur du bâtiment principal, le musée proprement dit s’articule autour d’une galerie suspendue de 200 mètres de long au-dessus des jardins. Elle compote plusieurs salles latérales qui s’expriment en façade par des boîtes colorées.
Quand on entre, une longue rampe sinueuse nous mène lentement jusqu’au cœur de l’édifice, des salles d’exposition plongées dans la pénombre. Plus haut encore, une mezzanine surplombant les galeries du musée accueillent des expositions temporaires. Depuis mardi dernier, le 16 Juin 2009, et jusqu’au 27 Septembre 2009, c’est une exposition évènementielle sur Tarzan qui occupe cet espace.
Nous nous sommes rendus à son vernissage, lundi soir, pour partager nos impressions avec vous. Tarzan! ou Rousseau chez les Waziri, a été imaginée par Roger Boulay, le commissaire de l’exposition. Son but était d’expliquer comment l’homme-singe, né de l’imagination de l’écrivain américain Edgar Rice Burroughs sous la forme du roman Tarzan of the Apes publié en 1912, est devenu un véritable mythe occidental du 20ème siècle.
Depuis près d’un siècle, l’homme de la jungle a inspiré pas moins de 42 long-métrages et près de 15.000 bandes-dessinées, ainsi que de nombreuses représentations sous forme de sculptures, ouvrages, affiches, photographies, figurines, accessoires, costumes, peintures, pièces ethnographiques, panoplies d’armes, jouets, poupées etc… Finalement, ces diverses œuvres finissent par révéler les idées de l’époque et les clichés souvent réducteurs que le monde occidental pouvait avoir face à l’Afrique, la Nature et le mythe du Héros.
Edgar Rice Burroughs n’a jamais mis les pieds en Afrique. Son héros populaire y vit pourtant toutes ses aventures, dont certaines sont irréalisables au vu de la réalité du pays. Ca n’a pas empêché Tarzan de devenir une icone, et c’est justement ce que l’exposition du Quai Branly tente d’expliquer. Pourquoi toutes ces images ont-elles touché juste? Que véhiculent-elles?
Sans prétendre énumérer toutes les thèses échafaudées au fil des années pour expliquer ceci, Roger Boulay a imaginé une exposition qui permet de passer un bon moment en approchant des thèmes tels que l’évolution darwinienne, la mode léopard et la richesse des comics américains du siècle dernier. Ce n’est pas pour rien que 600 m² de planches de BD originaire d’Outre-Atlantique parsèment le parcours de l’expo.
Cette dernière est divisée en neuf parties. La première, “Tarzan et son auteur”, s’interroge sur les origines et la nature de Tarzan, en tant que personnage et en tant que mythe. Qui l’a construit et d’après quelles sources? Edgar Rice Burroughs a une dette certaine envers Rudyard Kipling et son Livre de la Jungle de 1894. Cependant, il se plaît à dire que le mythe de Remus et Romulus reste sa principale référence.
La seconde partie, “La genèse du héros”, évoque les grands singes, le mythe de King Kong avec l’enlèvement de la femme blanche, le chaînon manquant induit par les théories de Darwin dont Burroughs était imprégné, les mythes du bon sauvage et de l’enfant sauvage. Jouets, affiches, tableaux illustrent l’engouement pour ces différentes sources de divertissements qui se développent à la fin du 19ème siècle.
La section “La jungle, décor des prouesses de Tarzan” présente de nombreuses planches originales de bandes dessinées décrivant avec talent l’univers hostile dans lequel évolue le personnage de Tarzan. En contrepoint de ces bandes dessinées, des animaux empaillés prêtés par le Musée de la Chasse et de la Nature viennent ponctuer le parcours.
On ne peut penser à Tarzan sans l’associer au cinéma. C’est en effet le septième art qui a donné corps à Tarzan dans l’imaginaire populaire, et c’est pourquoi la section suivante de l’exposition présente des extraits choisis de films de différentes époques, avec essentiellement pour vedette Johnny Weissmuller (champion de natation), occupent un espace important. Un cycle consacré à Tarzan est également programmé au Théâtre de Verdure en complément de l’exposition. A la tombée de la nuit, en juillet, le Musée du Quai Branly proposera en effet en accès libre des projections de quatre films de l’homme-singe, datant de 1919 à 1983.
Mais n’oublions pas que nous nous trouvons au Musée du Quai Branly, qui regroupe nombre d’artefacts appartenant à la notion nouvelle “d’art premier” inventée à l’ouverture du musée. Il n’était donc pas difficile de créer une section de cette exposition entièrement consacrée à “l’Afrique de Tarzan”.
“Les douze travaux de Tarzan”, la sixième section, illustre la figure du héros à travers ses exploits, avec des planches de bandes dessinées (notamment de Burne Hogarth) et des œuvres d’art classique issues de nombreux musées français (Musée du Louvre, Musée d’Orsay, Musée de Tessé du Mans, Musée Anne de Beaujeu, Musée de l’Armée, Musée Buffon, Musée de la Chasse et de la Nature…).
Tarzan possède des instincts surpuissants et a le pouvoir de se propulser dans des cités ou civilisations perdues, au sein desquelles il ne paraît jamais anachronique. Et ces topographies imaginaires, évidemment, ont toujours pour cadre l’Afrique réinventée par Burroughs dans laquelle Tarzan a l’habitude d’évoluer et de se déplacer. Il va y accomplir son travail de Héros mythique, exactement comme Héraclès, le héros de la Grèce Antique qui va vivre ses 12 fameux travaux dans un Péloponnèse imaginé.
Ainsi, voit-on le héros tour à tour rencontrer des armées romaines, des anthropoïdes, des amazones, des atlantes, des croisés, des hommes préhistoriques, des viking… Ces confrontations cocasses vont, dans le cinéma et la bande dessinée, être exploitées jusqu’à l’épuisement et c’est la Terre entière, et même le centre de la Terre, qui vont devenir le théâtre de ses exploits.
L’exposition évoque sans sa septième section ici les massacres et les trafics d’animaux par le biais de trophées d’animaux. “Tarzan, le sauveur de la jungle”, pose la question de savoir si Tarzan, qui poursuit les trafiquants d’ivoire, est un protecteur de la Nature et des Forêts?
Si les héros de comics qui ont suivi Tarzan peuvent proclamer : “A moi la jungle des villes”, Tarzan, lui, demeure le roi de la forêt. L’avant dernière section de l’exposition présente un moulage du robot de Metropolis de Fritz Lang (1927), annonçant les héros robotisés qui envahissent la scène urbaine et qui tiennent leurs pouvoirs de galaxies lointaines. En héros nu, Tarzan s’impose en anti-robot. Son armure est intérieure, et sa droiture à toute épreuve.
La transformation du héros en animal donne la clef du destin héroïque de Tarzan : comme Romulus et Remus, fils de la louve, il est fils de la Nature primordiale exclusive. Il retourne après chaque exploit au sein maternel qu’est le monde sauvage. L’exposition se termine dans sa dernière section “Le fils de Mère Nature” sur le dernier spot de publicité Guerlain (L’homme-animal), des objets issus des collections du Musée du Quai Branly, et des figurines en plastiques du personnage, épinglées tels des spécimens de papillons.
Malgré un sujet intéressant, on a du mal à comprendre à qui s’adresse cette nouvelle exposition temporaire du Quai Branly. Trop philosophique pour les enfants, même si une tentative a intelligemment été effectuée de les intéresser grâce à des panneaux qui leur sont dédiés relatifs aux sens cachés de Tarzan, ses “super-pouvoirs”, elle laisse un peu le visiteur averti sur sa faim. Il faut dire que les pièces exposées ne brillent pas pour leur caractère rare ou impressionnant, mais ce n’est certes pas le but.
Malheureusement, nous ne pouvons vous montrer ici les meilleures pièces, dont les droits photographiques n’ont pas été cédés, d’où l’abondance de planches de BD dans cet article, mais certaines sculptures et figurines valent le détour. Toutefois, n’y allez pas en pensant vous en mettre plein les yeux. C’est surtout à une analyse du phénomène du héros de la jungle qui vous attend.
Reportage par Alexandre Rosa et Stéphane Hacquin.
Tous droits photographiques réservés. © Travel Pics.fr – Juin 2009