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Le château de Dracula au cœur des Carpates : la citadelle de Poenari
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Bryggen – les demeures en bois colorées de la Ligue Hanséatique à Bergen
La Pointe du Raz – une proue de granite à l’extrême ouest de la France
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De la Bavière à la Provence : des santons à la basilique de Fourvière pour sa crèche de Noël géante
Marché Médiéval de Noël à Provins – Rois Mages et troubadours animent banquet et bal d’époque
Les préparatifs du Grand Feu de St Cloud – Interview de Jean-Eric Ougier de Fête et Feux
Posté le Samedi 12 septembre 2009dans Feux d'artifices, Special Eventpar Alexandre RosaImprimerC’est ce soir que sera tiré le plus grand feu d’artifices d’Europe autour de la Grande Cascade du domaine de St Cloud (voir les photos), à l’ouest de Paris. Nous nous sommes rendus sur le champ de tir cette semaine pour rencontrer les artificiers et les artistes qui s’affairent à la préparation de ce spectacle pyrotechnique d’un nouveau genre pour prendre la température de ce qui promet d’être un évènement.
“En imaginant le concept du Grand Feu de Saint-Cloud, qui sera tiré le 12 septembre prochain du parc du Domaine national de Saint-Cloud, j’ai souhaité inscrire ce spectacle dans la grande tradition française de l’artifice, tout en proposant au spectateur de découvrir d’autres tendances, étrangères, qui n’ont jusqu’à lors jamais été présentées en France”, explique Patrick Jolly, initiateur et producteur du Grand Feu de St Cloud. L’homme, par ailleurs président-fondateur du groupe De Particulier à Particulier, est un grand passionné de feu d’artifices. Ayant fait fortune grâce à sa première entreprise, il a décidé d’investir 650.000 euros dans la création de ce nouveau type de spectacle qu’il rêverait annuel.
Pour cela, il a créé une toute jeune société : l’Evènement Pyrotechnique, et fait appel à une des équipes d’artificiers les plus expérimentés du marché. Il s’agit de la société Fête et Feux, dont la catalogue comprend des feux tels que tous ceux de Disneyland Paris depuis l’ouverture du parc en 1992, des feux de Noël à Wishes, jusqu’à l’arrivée des Feux Enchantés à l’été 2008, dont l’appel d’offre a été remporté par Lacroix-Ruggieri.
Fête et Feux a cependant signé les feux du 14 Juillet à la Tour Eiffel pendant de nombreuses années (la version 2009 est signée Groupe F), l’inauguration du Stade de France, a inventé le concept des Grandes Eaux Nocturnes de Versailles, gère les Nuits de Feu de Chantilly ainsi que les spectacles nocturnes du Futuroscope depuis 1999, dont le Mystère de la Note Bleue cette année. On a donc bien affaire à de la manifestation grand spectacle et prestigieuse.
Mais pour une fois, ces spécialistes ne vont pas tenter d’impressionner le public grâce à une quantité astronomique de bombes explosant dans le ciel simultanément sur une bande-originale de film grandiloquente. Le Grand Feu de St Cloud, c’est avant tout un retour aux sources. La seconde partie du spectacle, qui durera plus d’1h15, se fera sans bande sonore aucune en dehors des percussions de Bertrand Renaudin qui prendra place derrière sa batterie en direct.
C’est un véritable pari dont Patrick Jolly est l’instigateur. Il s’agit de replacer le feu d’artifices en tant que spectacle à part entière et non comme élément secondaire qui supporte une représentation d’ambition plus grande. L’explosion et la matière brute revient au cœur du spectacle pour la première fois dans un projet de cette envergure. Il fallait oser.
“Pour une fois, on considère le feu d’artifice non pas comme un simple divertissement, une animation de fin de fête foraine, mais comme la vedette principale d’un spectacle qui dure longtemps. Les possibilités de l’artifice sont infinies, et nous prenons le pari de nous sentir capables d’offrir ce spectacle”, raconte Jean-Eric Ougier, le directeur artistique du spectacle. Créateur de la société Fête et Feux il y a 25 ans, il est aujourd’hui scénographe à part entière.
“Il ne s’agit pas pour autant d’un festival ou d’une succession d’effets que l’on mettrait côte à côte. Il y a une vraie construction dans ce spectacle avec une vraie dramaturgie et une montée en puissance, des moments d’émotion, de peur, et d’autres où je considère l’artifice comme une manière pour transformer le lieu dans lequel on travaille, au même titre qu’un peintre choisit sa peinture ou qu’un sculpteur choisit sa matière. Il y a une telle diversité dans les feux d’artifices, entre les différentes formes, luminosités, bruits, couleurs et positionnement…”
“J’ai créé 14 séquences pour la deuxième partie du spectacle, en n’hésitant pas à reprendre systématiquement les mêmes matières pendant 4 à 5 minutes, ce qu’on ne fait absolument jamais. On va donc voir le même matériel pendant tout ce temps, mais pas dans les mêmes positions, avec parfois des pauses de 30 secondes. L’absence créant le désir, si l’effet a plu au spectateur, il sera très content de le retrouver”, nous expliquait Jean-Eric Ougier au milieu de ses collaborateurs affairés sur les bombes qui exploseront ce soir.
Près de 23.000 personnes sont attendues pour les admirer. Ceux qui disposeront des places les plus centrales auront payé 39€ par personne et seront assis. Les autres profiteront du spectacle debout sur les pelouses latérales, pour un prix inférieur mais qui reste très élevé : 25€. “La France est le seul pays à proposer des feux d’artifice payants. Aux yeux de l’artificier, ce geste est évidemment perçu comme une grande reconnaissance de son art et de son savoir-faire. Plus de 150 000 personnes paient et se déplacent tous les deux ans à Chantilly, 50 000 pour Annecy tous les ans”, affirment Patrick Jolly et Jean-Eric Ougier.
Si toutes les places ont dores et déjà été vendues, ce n’est pas pour autant que Patrick Jolly rentrera dans ses frais cette année, mais ce n’est pas le but. Le passionné voit cette première édition comme un investissement pour les éditions futures, qui ont toutes les chances de se reproduire à St Cloud, mais avec des gradins cette fois. “Nous n’avons pas eu le temps d’en prévoir pour cette année car l’investissement serait encore plus lourd, même s’ils seraient utiles à cacher le spectacle aux badauds extérieurs”, explique t-il.
Le choix de cet endroit reste celui de Jean-Eric Ougier de Fête et Feux. Patrick Jolly avait d’abord pensé à l’hippodrome de Longchamp ou au circuit de Formule 1 de Magny-Cours, qui offraient la possibilité d’utiliser des gradins déjà bien en place, mais disposant de toits qui auraient empêché d’apprécier le spectacle dans le ciel. Fontainebleau et Vaux le Vicomte étaient également pressentis pour accueillir l’évènement, mais la configuration de la Grande Cascade offre un cadre naturel plus intéressant pour un artificier.
Pour une première édition, qui accouchera ce soir après plus d’un an de discussions, Patrick Jolly s’est bien entouré. La première partie du spectacle, d’une durée de 45 minutes à une heure, sera en effet mise en musique par François-René Duchable, un pianiste de renommée internationale qui interprétera en direct et au cœur du feu, sur un piano juché à 12 mètres de haut pour être vu de tous, de grands classique de Bach, Beethoven ou Chopin pour ne citer qu’eux.
François-René Duchable est désormais un habitué de ces prestations pyrotechniques et pianistiques. Le feu et la lumière lui inspirent depuis de nombreuses années les plus belles arpèges de sa vie d’artiste. Avec la complicité de Jean-Eric Ougier, il s’est déjà produit sous la Tour Eiffel le 14 Juillet 2004, aux Nuits de Feu de Chantilly et sur le lac d’Annecy à l’occasion des Pyroconcerts.
Côté marketing, Patrick Jolly a également pensé à tout. Son feu n’est “ni le plus long car on voit tout de suite se profiler “le plus ennuyeux”, ni le plus gros car ce n’est pas le cas, et que cela fait allusion à une notion de quantité, qui n’est pas synonyme de qualité ou d’émotion”, décrit Jean-Eric Ougier. “Le plus grand, ça veut dire que l’artifice prend une place prépondérante pendant une durée suffisamment importante pour qu’on s’en rende bien compte.”
Souhaitons un grand succès aux trois compères, qui tentent à leur manière de renouveler un art pour lequel la France s’est fait connaître depuis Louis XIV.
Retrouvez l’interview intégrale et exclusive de Jean-Eric Ougier en audio et en streaming en cliquant sur le bouton lecture du lecteur ci-dessous ou à cette adresse :
Les photos du spectacle ainsi qu’une critique à postériori sont disponibles dans un nouvel article ici.
Propos recueillis par Alexandre Rosa et Stéphane Hacquin
Plus de photos sont disponibles dans cette galerie.