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Spamalot, la comédie musicale des Monty Pythons à Paris au Théâtre Comédia
Posté le Mardi 09 mars 2010dans Comédie Musicale, Londres, Théâtrepar Alexandre RosaImprimerNous sommes en 1975, en Angleterre. Les Monty Python sont une troupe de comiques à l’humour très british composée de Graham Chapman, John Cleese, Terry Jones, Eric Idle, Michael Palin et Terry Gilliam. Suite à la fin de la diffusion de leur série télévisée Monty Python’s Flying Circus sur la BBC l’année précédente, les compères décident de s’inspirer de la légende du Roi Arthur, des Chevaliers de la Table Ronde et de la quête du Graal pour réaliser leur premier film : Sacré Graal! (Monty Python’s and the Holly Grail en version originale). De nombreuses répliques de ce film “à côté duquel Ben-Hur ressemble à un documentaire”, comme l’explique le sous-titre français du film à sa sortie française, sont aujourd’hui devenues cultes. Alexandre Astier, le créateur de la série Kaamelot sur M6, revendique d’ailleurs avoir usité de Sacré Graal! comme film de chevet. Il était donc normal que ce monument de l’humour détourné intéresse les producteurs de théâtre.
C’est en 2004 que la première représentation de ce musical à l’anglo-saxonne fit ses débuts à Chicago pour une série d’avant-premières, avant d’arriver à Manhattan l’année suivante. C’est Eric Idle qui a écrit l’intégralité des textes du spectacle, le livret et les paroles des chansons. Pour ces dernières, il a collaboré avec le compositeur John Du Prez pour créer de toutes pièces des chansons tantôt lyriques, tantôt comiques, parodiant les grands succès de Broadway avec un satyrisme certain. L’une de ces chansons n’est toutefois pas inconnue du grand public, puisqu’elle est extraite du second film des Monty Python, La Vie de Brian. Il s’agit de “Always look on the bright side of life”, traduite en française dans Spamalot par “Prenez toujours le bon côté d’la life”.
Le titre du musical vient d’une des répliques du film Sacré Graal, qui dit “we eat ham, and jam and Spam a lot”. Spam est à l’origine un sketch des Monty Python, diffusé à la télévision en 1970. Dans ce sketch, deux clients tentent de commander un petit déjeuner à la carte d’un restaurant qui inclut un “produit de viande transformée” dans presque tous les plats. Le terme “spam”, dérivé du domaine de la communication électronique, comme un e-mail indésirable, vient de là.
La production originale du spectacle, mis en scène par Mike Nichols, a remporté 3 Tony Awards, ces Oscars du spectacle musical américain, dont celui de Best Musical pour la saison 2004-2005. Au total, Spamalot a été nominé 14 fois aux Tony Awards. Lors de sa première série de représentations, il a été vu par plus de deux millions de spectateurs à New-York sur plus de 1500 représentations, du 17 mars 2005 au 11 janvier 2009.
Après être parti en tourné à travers les Etats-Unis, le spectacle a une première fois traversé l’Atlantique en 2006. C’est logiquement à Londres qu’il a fait ses débuts sur le Vieux Continent, au Palace Theatre de Shaftesbury Avenue. Tim Curry y reprenait son rôle de Roi Arthur, qu’il avait campé à Broadway pendant 4 ans, avec une grande partie du cast original. La production londonienne a finalement fermé ses portes le 3 janvier 2009.
Après avoir été adapté à Las Vegas, en Australie et en Nouvelle-Zélande pour noël 2009, puis à Madrid, Cologne et Budapest en langues espagnole, allemande et hongroise, voilà que l’adaptation française de Spamalot débarque enfin à Paris, au Théâtre Comédia. Des productions suivront bientôt en suédois à Malmö en septembre 2010, en Belgique ainsi qu’en tchèque à Pilsen en mars 2010.
C’est l’ancien membre de la troupe de comiques des Robins des Bois, le comédien Pierre-François Martin-Laval, dit Pef, qui a eu l’idée de cette version française. Il s’enorgueillit d’avoir produit la première grande comédie musicale de Broadway en France (après Le Roi Lion, Cabaret, Zorro, Grease et Le Violon sur le Toit tout de même) qui fait vraiment rire. Sur scène, le comédien reprend le rôle du Roi Arthur. Il est également l’auteur des textes français du spectacle, ainsi que le metteur en scène de cette version. Mais adapter en français l’univers absurde du grand classique de la comédie Monty Python, Sacré Graal, n’est pas une mince affaire. L’humour n’étant pas toujours universel, Pef a ré-écrit les dialogues, les vannes et les gags pour les adapter au public français. Il a également créé une nouvelle troupe et n’hésite pas à remonter sur les planches après 14 ans consacrés au cinéma.
C’est Matthieu Gonet, rendu célèbre par ses prestations de coach musical à la Star Academy pendant des années, qui devient directeur musical de cette comédie musicale qui porte bien son nom. Loin d’avoir participé aux répétions avant de disparaître dans la nature, il est bel et bien présent sur scène chaque soir… ou plutôt sous la scène, puisqu’il est également chef d’orchestre. Il inaugure ainsi la nouvelle fosse à orchestre créée par la direction du Théâtre Comédia pour accueillir toujours plus de musicals à succès à Paris dans de bonnes conditions. Il faut dire qu’à part le théâtre Mogador, racheté par Stage Entertainment pour y produire son Roi Lion, il n’existait jusqu’alors aucun théâtre à Paris profitant de la même configuration qu’un théâtre du West End londonien ou de Broadway. Les créatifs devaient alors jouer de ruse pour placer leur orchestre quelque part dans la salle, par exemple au balcon (comme dans Zorro et le Violon sur le Toit) ou sur une estrade au-dessus de la scène (cas de Grease et Cabaret). Un bel investissement qui confortera encore plus la place du théâtre Comédia en tant que leader du musical de Broadway à Paris après Mogador.
Mogador, Spamalot s’en moque d’ailleurs allègrement. Non contents de débuter le spectacle avec un homme déguisé en singe attendant un lever de soleil qui ne viendra jamais, et qui repart affolé après avoir réalisé qu’il s’est “trompé de théâtre”, la version française de Pierre-François Martin-Laval décapite les comédies musicales en général et leurs caractéristiques en se moquant allègrement, mais toujours avec justesse. Le risque était bien sûr que Spamalot ressemble plus à un sketch des Robins des Bois qu’à l’humour de leurs illustres maîtres anglais. Mais le résultat est là, et la patte comique de Pef s’intègre à merveille avec l’histoire classique des Monty Pythons. Les rires s’enchaînent sans temps morts, malgré une seconde partie plus longue, cette dernière s’attachant à développer l’intrigue de manière plus poussée que la première, qui présente les personnages à coups de farces à se plier en deux, mais qui ne font pas avancer le récit.
A en juger par la seule campagne de communication mise en place pour faire connaître le spectacle aux français, on aurait pu s’attendre à des moyens réduits. Et pourtant, tout est là pour transporter le spectateur, l’espace de 3 heures, dans un théâtre de Broadway où les effets spéciaux, décors grandioses, costumes, éclairages et musiques créent une ambiance digne du film. Bien sûr, certains rôles et costumes sont volontairement caricaturaux et donnent l’impression d’avoir été faits à la va-vite, comme ces chevaliers du Ni ou encore ce gardien qui défendra l’accès à une forêt de son épée, considérant que la perte d’un bras n’est qu’une “égratignure sans gravité”, provoquant toujours plus le Roi Arthur en l’invitant à se battre, le traitant de mauviette et de lache. Il faudra qu’il perde ses 4 membres et ne puisse plus bouger pour qu’il s’avoue vaincu, à demi-mot. Toutes ces scènes hilarantes qui ont fait le renommée du film sont reproduites sur scène avec brio, mais ce n’est pas le point le plus brillant du spectacle.
Car une comédie musicale ne serait rien dans ses chansons. Or, faire rire en musique n’est pas chose facile, surtout quand il s’agit de reprendre un texte écrit en langue étrangère et de le transposer dans notre langue avec rythme. Pef se dévoile réellement dans cette pratique, signant des paroles d’une qualité irréprochable faisant presque oublier l’original. On a vu la version anglaise de “La chanson qui fait comme ça” (“The song that goes like this”) plus haut. Voici sa version de “Always look on the bright side of life”, qui conserve d’ailleurs une partie du refrain anglais tellement il est célèbre et irremplaçable. Les autres versions étrangères avaient fait de même, à l’exception de l’espagnole.
En d’autres termes, si vous aimez les comédies musicales de Broadway, courez voir Spamalot. Si vous ne les aimez pas, allez-y aussi, car vous prendrez sûrement votre pied à l’énoncé des nombreuses farces s’en moquant. Autour de Pierre-François Martin-Laval, une troupe française pleine de talent composée principalement de comédiens de théâtre non musical s’en donne à cœur joie sur scène. Arnaud Ducret et Philippe Vieux, qu’on a découverts dans la nouvelle version de Caméra Café sur M6, sont hilarants et surprennent par leur capacité à chanter, notamment aux côtés d’un artiste confirmé de la scène musicale parisienne en la personne d’Andy Cocq (Starmania, Dothy et le Magicien d’Oz, Les Nouvelles Aventures de Robin des Bois), exquis en prince gay qui s’extasie devant les rideaux du château.
Pef lui-même n’a pas l’âme d’un chanteur, même s’il s’octroie quelques chansons en tant que personnage principal. Sa gaucherie n’est cependant pas forcément un problème tant elle ajoute à son Roi Arthur comique donnant la réplique à une Dame du Lac, diva et mégalomane, interprétée par Gaëlle Piheiro. Pour elle, c’est une véritable révélation vocale au service du rire. Dommage que son personnage n’ait pas plus l’occasion de jouer la comédie, même si on se réjouit à chacune de ses apparitions lyriques de l’entendre en faire trop, taclant les rôles à voix de Broadway qui se prennent trop au sérieux.
Ces histoires de chevaliers qui chevauchent des noix de cocos, de lapins tueurs, et de princes maniérés pourraient faire penser à un conte pour les marmots, mais ne vous y trompez pas : l’humour y est définitivement pour les grands et les répliques ne sont pas avares de gros mots désopilants ou de références osées. Ce sera le prix à payer si vous voulez voir Spamalot en famille, mais les enfants ne bouderont pas leur plaisir et eux aussi riront de bon cœur.
Article par Alexandre Rosa avec MusicalAvenue.fr
Photos par Alexandre Rosa et Spamalot, production londonienne