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Gravures rupestres d’Alta–des rennes de l’âge de pierre gravés le long des fjords
Posté le Vendredi 22 juillet 2011dans Art, Histoire, Nature, Norvège, Pays, Préhistoire, UNESCOpar Alexandre RosaImprimerLe site d’art rupestre d’Alta (Helleristningene i Alta) fait partie d’un site archéologique situé non loin de la ville d’Alta, dans le conté du Finnmark, en Norvège septentrionale. Depuis que les premières peintures (ou plus exactement les pétroglyphes) y ont été découverts en 1972, plus de 5000 autres bas-reliefs ont été mis au jour sur plusieurs sites des environs.
Le site principal, situé à Hjemmeluft/Jiepmaluokta, 4 kilomètres à l’extérieur de la ville, contient à lui seul pas moins de 3000 peintures. L’ensemble fait aujourd’hui partie d’un musée à ciel ouvert classé au Patrimoine Mondial de l’UNESCO depuis le 3 décembre 1985. C’est le seul site préhistorique de Norvège à bénéficier de cette classification.
Les peintures rupestres d’Alta les plus anciennes datent tout de même du 5ème millénaire av. J.-C., aux environs de l’an –4200. Les plus récentes sont datées aux alentours de –500 et sont l’œuvre d’un peuple vivant de la chasse et de la pêche. Elles mettent en évidence le mode de vie de ce peuple de l’âge de pierre norvégien qui élevait des troupeaux de rennes et était rompu aux techniques de construction de bateaux.
Le reste de la faune représentée est d’une grande richesse : rennes, élans, ours, chiens et/ou loups, renards, lièvres, canards, cygnes, cormorans, saumons, baleines… Les gravures sont par conséquent d’une aide précieuse pour la compréhension de l’environnement de l’époque et des ressources dont disposait cette culture.
Certaines croyances sont également représentées sur ces gravures où l’on distingue par exemple des rituels shamanistes faisant penser à une vénération de l’ours et d’autres animaux. Mais en dehors de ces quelques preuves visuelles, on ne sait que peu de choses de la culture qui a produit des peintures. Certains chercheurs ont spéculé que ces artistes puissent être des héritiers de la culture Komsa (un peu de l’âge de pierre qui s’étendit le long de la côte norvégienne à la suite du dernier âge de glace aux environs de 8000 avant J.-C.), ou encore que les Samis seraient leurs descendants, mais aucune preuve de vient l’attester.
Suite à l’ouverture au public du site principal de Hjemmeluft, un réseau de 3 kilomètres de passerelles en bois fut construit durant la seconde moitié des années 1980. En 1991, le Musée d’Alta déménagea du centre-ville pour rejoindre le site des peintures rupestres. Bien que d’autres sites contenant des peintures soient aujourd’hui connus, celui de Hjemmeluft reste le seul accessible au public.
La plupart des rochers autour d’Alta sont recouverts d’une épaisse couche de mousse et de lichen. Une fois les bas-reliefs découverts, ces plantes sont retirées avec précaution et le rocher nettoyé pour exposer la gravure de manière visible. Celle-ci est alors photographiée et entrée dans un système d’archivage automatique.
Sur la plupart des sites, peu de précautions sont prises pour garder les gravures visibles une fois celles-ci correctement documentées en dehors d’une protection évidente du lieu des promoteurs immobiliers. Il faut dire que ces gravures, aussi anciennes soient-elles, sont réalisées dans une roche très dure et sont tellement profondes qu’elles ne risquent pratiquement rien.
Les zones accessibles au public sont toutefois mises en valeur à l’aide d’une peinture rouge-ocre qui permet de reconnaitre plus facilement les gravures au milieu de ce “champ de rochers plats”. On pense que l’apparence qui résulte de cette restauration est très similaire à celle de l’époque.
A l’époque où ces gravures furent exécutés, le nord de la Norvège était habité par un peuple de chasseurs-cueilleurs. Au cours des 5000 ans pendant lesquels ce peuple a continué à graver la pierre entourant ses villages, de nombreux changements culturels se sont produits. Les outils métalliques ont été adoptés petit à petit, les bateaux sont devenus plus efficaces tout comme leurs techniques de pêche. Ceci explique que les gravures représentent une importante variété de scènes et de symboles religieux.
Les gravures les plus anciennes ne sont pas sans présenter quelques similitudes avec d’autres gravures du nord-ouest de la Russie, ce qui indique qu’il y a certainement eu contact entre ces deux peuples, voire peut-être un développement parallèles de ces cultures d’Europe du Nord.
Le lien avec les Samis modernes est quant à lui assez facile à établir dans la mesure où l’identité culturelle de ce peuple moderne du Finnmark reprend de nombreux éléments décoratifs traditionnels présentant une ressemblance assez frappante avec certaines des gravures rupestres d’Alta. On peut aujourd’hui en juger rien qu’en observant certains outils et instruments de musiques sami. Cependant, en l’absence de preuve ADN ou linguistique, toutes les conjectures possibles concernant un tel lien entre ces deux cultures ne sont que purement spéculatifs.
Les gravures d’Alta furent créées en utilisant des ciseaux de quartz et en les frappant de marteaux faits de pierres encore plus dures. Des exemplaires de tels ciseaux à pierre ont été retrouvés sur toute la zone et peuvent être admirés au Musée d’Alta. Aussi surprenant que cela puisse paraitre, cette technique à base de ciseaux à pierre s’est poursuivie même après l’avènement des outils métalliques au Finnmark.
En raison des effets post-glaciation, toute la Scandinavie a commencé à s’élever au-dessus de la mer à une vitesse folle à la fin du dernier âge de glace. Ce phénomène, toujours visible aujourd’hui (la Norvège monte de près d’un centimètre tous les ans), on considère qu’il était beaucoup plus prononcé à l’époque où les gravures d’Alta ont été exécutées. Elles auraient été remarquables même à l’échelle d’une vie humaine, de sorte que l’on pense aujourd’hui que ces gravures étaient situées directement le long de la côte. Elles se seraient ensuite élevées petit à petit jusqu’à leur location actuelle, quelques douzaines de mètres au cœur de la forêt lapone.
Voir toutes les photos des gravures rupestres d’Alta dans la galerie photo de TravelPics.fr
Article et photos par Alexandre Rosa