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Le Monastère d’Horezu, chef-d’œuvre de l’art Branconvan en Valachie
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Le Monastère d’Horezu, chef-d’œuvre de l’art Branconvan en Valachie
Posté le Lundi 30 mai 2011dans Monastère / Couvent, Monument religieux, Roumanie, UNESCOpar Alexandre RosaImprimerLa Valachie est la mère patrie des roumains, son nom dérivant de Vlach, ancien terme utilisé pour désigner l’ethnie roumaine. Cette région couvre le tiers sud du pays, coupé en deux par le cours de l’Olt. Souvent reléguée au second plan, voire négligée par les guides et les circuits touristiques, la Valachie ne saurait rivaliser avec les Carpates en termes de spectacles naturels, mais elle compte quelques incontestables perles, notamment dans le nord. Le splendide monastère d’Horezu fait parties de celles-ci.
Horezu est une ville réputée pour ses poteries, d’une grande variété de styles et de couleurs. haut perchée, agréablement ventée, la ville propose d’explorer les aspects les plus pittoresques de la campagne valaque. De là, une grand-route jalonnée de villages paisibles permet de rejoindre la Transylvanie par des sentes à vache et à moutons qui franchissent les Carpates.
Le village de Români de Sus, à deux kilomètres au nord d’Horezu, accueille l’attraction touristique principale de la région. Nul besoin d’être expert en histoire de l’art pour comprendre pourquoi le chef-d’œuvre de style Brancovan qu’est le Monastère d’Horezu est inscrit sur la Liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.
Les moins enclins à la spiritualité auront sans doute du mal, dans ce sublime cadre de montagne, à ne pas se sentir au plus près du divin. La solitude, si l’on fait abstraction des 60 religieuses qui vivent sur place, joue sans doute son rôle dans cette affaire.
Et si la magie des lieux, ou leur sérénité, vous retient, sachez que vous pouvez même passer la nuit entre ces murs. Les chambres sont d’une simplicité spartiate, mais le Prince de Galles s’en est contenté, en 2005, lors d’une visite privée.
On ne vous refusera presque en aucun cas l’entrée au monastère, même tard dans la soirée. Discrètes, les religieuses qui vivent ici ne vous prêteront d’ailleurs certainement pas la moindre attention. Elles gardent leurs chambres ouvertes, et aucune barrière ou corde ne vous empêchera d’aller y jeter un œil, sauf votre respect.
Une telle ouverture au monde extérieur surprend, et plus particulièrement au cœur de l’église édifiée au centre de l’ensemble. Comme toutes les autres églises orthodoxes du pays, celle-ci regorge de trésors, laissés là à la portée de tous. Et comme vous vous retrouverez rapidement seul à l’intérieur, on peut s’étonner qu’il n’y ait pas plus de vols.
Construit entre 1690 et 1697 sous le règne du prince Constantin Brâncoveanu, Horezu devait servir de nécropole pour la famille princière. Mais les turcs en décideront autrement en 1714, en décapitant Brâncoveanu et ses quatre fils à Constantinople pour trahison.
Par ses proportions et ses ornements, Horezu demeure sans doute l’illustration la plus belle et la plus raffinée du style associé au prince esthète. A l’intérieur, les peintures religieuses et les portraits de Brâncoveanu, des Basarab et des Cantacuzino revêtent un intérêt lui aussi exceptionnel.
La Valachie fut une principauté roumaine qui a été reconnue comme un état indépendant dès le 14ème siècle. Elle n’a jamais fait partie de l’Empire ottoman, ce qui lui a permis de suivre une évolution culturelle post-byzantine qui la distingue de la famille artistique des Balkans dont elle fait partie.
Le seul centre artistique de cette région au 17ème siècle était le Mont Athos, en Grèce. Ce centre était propre en raison du soutien que lui accordaient les souverains et la noblesse roumaine et russe. La tradition athonite s’est développée en Valachie grâce à ses dirigeants Cantacuzènes, riches et cultivés, pour donner naissance au brillant art valaque.
Le monastère d’Horezu a donc été fondé en 1690 et fut richement doté par le prince Cantacuzène Constantin Brâncoveanu. Sa famille et lui-même sont à l’origine de la création d’un grand nombre de monastères et églises en Valachie, richement ornés de peintures murales, des somptueuses iconostases et autres décorations.
Cet effort artistique a été poursuivi par un grand nombre d’aristocrates et de dignitaires de l’Eglise, ce qui a donné naissance à une très riche création artistique connu sous le nom d’art Brancovan. Le catholicon du monastère, dédié à Saint Constantin et Sainte Hélène, a été construit en 1690-92 tandis que la décoration intérieure, œuvre de l’artiste grec Constantinos, qui fonda la célèbre école de peinture murale et d’icônes de Horezu, a été terminée deux ans plus tard.
Les autres bâtiments construits à la même période comprennent la résidence du prince, les cellules des moines réparties sur deux étages, les cuisines, et d’autres lieux monastiques. L’entrée était à l’origine au milieu de la partie ouest du mur d’enceinte, à l’endroit où se trouvait le paraklesion. L’entrée fut rapidement remplacée par un réfectoire, l’accès au monastère se faisant alors sous le clocher du mur sud.
L’église de Bolnica, qui est un groupe annexe du monastère principal, a été fondée par la princesse Maria, femme de Constantin Brâncoveanu. D’autres constructions de cette même époque sont dues à d’autres membres de la famille princière. Parmi celles-ci, on peut citer les skites des Saints-Apôtres et de Saint-Etienne. L’église des Saints-Anges au skite de Tigania a été fondée par la communauté d’Horezu au cours de la première décennie du 18ème siècle.
Le monastère a beaucoup souffert de la guerre austro-turque entre 1716 et 1718 puis de la guerre Russo-turque entre 1787 et 1789. Tous les bâtiments qui étaient alors situés à l’extérieur du mur d’enceinte ont été détruits.
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Article et photos par Alexandre Rosa