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Aranjuez – son Palais Royal et ses jardins irrigués dans une sierra aride
Posté le Samedi 17 juillet 2010dans Architecture, Baroque, Espagne, Habsbourg, Histoire, Jardins, Pays, UNESCO, château / palaispar Alexandre RosaImprimerSitué à une cinquantaine de kilomètres au sud de Madrid, le Palais Royal d’Aranjuez a été construit dans une vallée où les rivières Tagus et Jarama se rencontrent. L’endroit était un lieu de villégiature très apprécié de la noblesse madrilène, et il était donc logique qu’un palais y soit construit dès les années 1380. Servant de poste de chasse, ce palais médiéval fut largement agrandi par la suite.
Le roi Philippe II d’Espagne a commandé l’édifice actuel aux architectes responsables d’une autre merveille architecturale espagnole : El Escorial. Juan Bautista de Toledo et Juan de Herrera commencèrent la construction en 1561, pour l’achever en grande partie durant le règne de Ferdinand VI en 1778, bien que deux nouvelles ailes aient été ajoutées par Charles III par la suite.
Fait de briques et de pierre blanche, le Palais Royal d’Aranjuez est donc dû aux Habsbourg, bien qu’il fut redécoré par les Bourbons au 18ème siècle. A l’intérieur, deux salles sont d’un intérêt particulier : la Salle des Porcelaines de Chine et le Hall des Miroirs. De nombreuses toiles sont également exposées au sein de ce palais, pour la plupart réalisées par des peintres espagnols et italiens tel que Luca Giordano. L’escalier d’honneur a quant à lui été construit sous le règne de Philippe V par Giacomo Bonavia.
Mais le palais est peut-être plus connu pour ses jardins et son design paysager que pour l’architecture de son bâtiment. Philippe II a recruté des jardiniers français et hollandais pour créer un jardin de 300 hectares de style Renaissance Italienne aux motifs géométriques sur les terres du palais. En bon amoureux de la nature, Philippe II y cultivait à la fois des légumes et des plantes vertes, et utilisait les techniques d’ingénierie hydraulique de pointe à l’époque pour irriguer ce terrain aride.
En 1660, Philippe IV commença à son tour à faire évoluer les jardins du Palais Royal d’Aranjuez dans un style Baroque Français, avec des statues et des fontaines d’ornement (comme la Fontaine d’Apollon) ainsi qu’une île façonnée par la main de l’Homme, baptisée “Jardin de la Isla”. Avec les jardins du parterre, ceux de l’île sont des vestiges du palais que l’on trouvait originellement en ces lieux au 16ème siècle.
Achevé dans sa forme d’aujourd’hui durant le règne de Philippe V, il s’agit du plus important jardin créé en Espagne durant le règne des Habsbourg. Sa végétation luxuriante et ses cours d’eau contrastent drastiquement avec la sierra aride de la région. En tout, les Jardin del Principe (“les Jardins du Prince”) contiennent un réseau de 6 kilomètres de canaux d’irrigation et constituent un véritable héritage rappelant l’intérêt porté par toute une succession de monarques à l’agriculture, l’élevage et la botanique.
Source d’inspiration, ces jardins l’ont été pour le compositeur espagnol Joaquín Rodrigo. Son œuvre “Concierto de Aranjuez” pour guitare classique et orchestre tente d’emmener l’auditeur à travers les sons de la nature dans et autour des jardins durant la période pendant laquelle cette composition y fut écrite.
Avec ses voies d’eau sinueuses qui s’opposent aux lignes droites d’un paysage géométrique, rural et urbain, ses paysages arboricoles et l’architecture délicatement modulée de ses édifices palatiaux, le paysage culturel d’Aranjuez témoigne donc des relations complexes qui se tissent entre l’homme et la nature.
Pendant trois cent ans, la famille royale s’est attachée à développer et à entretenir ce paysage qui a réussi à intégrer les caractéristiques du jardin baroque de style français du 18ème siècle mais aussi celles d’un mode de vie urbain allant de pair avec la pratique scientifique de l’acclimatation botanique et de l’élevage au siècle des Lumières. L’apparition de concepts tels que l’humanisme et la centralisation politique ont également influencé à leur façon ce paysage.
De quoi amener l’UNESCO à classer le Paysage Culturel d’Aranjuez au Patrimoine Mondial de l’Humanité en 2001. Aranjuez représente en effet l’union de diverses influences culturelles qui ont permis de créer un paysage qui a eu une influence significative à son tour sur les développements postérieurs dans ce domaine. En outre, le design complexe des paysages d’Aranjuez dérivent d’une variété de sources et marquent une étape importante dans le développement du design paysager.
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Article et photos par Alexandre Rosa