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Cathédrale Luthérienne d’Helsinki – une icône allemande sur l’ancienne terre des tsars
Norske Opera – le renouveau de la banlieue d’Oslo en lignes obliques
Le Monastère d’Horezu, chef-d’œuvre de l’art Branconvan en Valachie
Le château de Dracula au cœur des Carpates : la citadelle de Poenari
Falaises de Moher – quand l’Irlande plonge de 214 mètres dans l’Atlantique
Château de Balmoral – la résidence écossaise de la Reine Victoria et du Prince Albert
Panthéon de Rome – le plus grand dôme de l’Antiquité, tombeau des grands Hommes
Bastion des Pêcheurs – un rempart « moderne » sur les hauteurs de Budapest
Statue de la Liberté de l’île des cygnes à Paris – une maquette signée Bartholdi
Bryggen – les demeures en bois colorées de la Ligue Hanséatique à Bergen
La Pointe du Raz – une proue de granite à l’extrême ouest de la France
Arènes de Lutèce : un amphithéâtre gallo-romain au cœur de la capitale
Chinagora – un complexe touristique sous forme de Cité Interdite fantôme à deux pas de Paris
De la Bavière à la Provence : des santons à la basilique de Fourvière pour sa crèche de Noël géante
Marché Médiéval de Noël à Provins – Rois Mages et troubadours animent banquet et bal d’époque
Un Violon sur le Toit – le musical classique de Broadway au théâtre Palace
Posté le Vendredi 12 février 2010dans Comédie Musicale, Théâtrepar Alexandre RosaImprimerUn Violon sur le Toit est une comédie musicale créée à Broadway en 1964. Rares sont les productions qui ont ainsi survécu au changement d’époque et de culture. On se souvient de Cabaret, musical de 1966 dont la version française avait enchanté les Folies Bergère sous l’impulsion de Stage Entertainment en 2006. Cette fois, ce sont les équipes de Serge Tapierman de MC Productions, déjà à l’origine de la reprise de Grease au Palais des Congrès, qui se sont emparés du mythe pour une nouvelle version présentée au Théâtre Palace, sur les grands boulevards parisiens, du 26 janvier au 28 février 2010.
L’aventure du “Fiddler on the Roof” (c’est le nom anglais du spectacle) en France ne date pas de cette année. Une première adaptation avait été produite aussi tôt qu’en novembre 1969, soit 5 ans à peine après la création du spectacle outre-Atlantique. C’est Ivan Rebroff qui interprétait alors le rôle de Tevye, le vieux laitier juif d’un petit village du sud de l’Ukraine héros de l’histoire. Difficile d’oublier son si célèbre “ah si j’étais riche!”, entré dans les annales et objet de multiples reprises au fil des ans.
Il aura fallu attendre 2005 pour qu’Un Violon sur le Toit reprenne son aventure hexagonale grâce à une nouvelle adaptation signée Stéphane Laporte, déjà auteur des adaptations françaises d’œuvres aussi célèbres que Le Roi Lion, Zorro, ou encore Grease. C’est au Théâtre Comédia, autre grand théâtre musical parisien, que cette version a fait ses débuts, de 2005 à 2006. Après un passage au Casino de Paris, elle a été nominée aux Molières 2006, ces Oscars du théâtre français. Mise en scène par Olivier Bénézech et Jeanne Deschaux, cette version du spectacle n’est cependant pas celle présentée au Palace en ce début d’année 2010. Raccourci d’une bonne demi-heure, ce nouveau spectacle a fait l’objet de remaniements profonds autant dans l’équipe créative que du côté du casting. Il bénéficie ainsi d’une nouvelle mise en scène signée Jeanne Deschaux.
Mais c’est surtout le film de 1971 qui est connu en France. On est loin des scores faramineux de la production originale américaine, qui est restée à l’affiche à Broadway pendant 3243 représentations, rien que ça! En 1965, l’œuvre s’est même vue décerner pas moins de 9 Tony Awards. Voilà qui plante le décor concernant cette comédie musicale signée Joseph Stein et sont les musiques ont été composées par Jerry Bock et les paroles écrites par Sheldon Harnick.
Basée sur la nouvelle de Sholem Aleichem, l’histoire est donc celle de Tevye, fermier juif vivant au sud de l’Ukraine en pleine domination russe et père de famille. Alors que la tradition voudrait qu’il marie ses trois filles selon la tradition, ce qui le préoccupe grandement tant la recherche d’un bon mari n’est pas tâche aisée, il ne tarde pas à découvrir que celles-ci n’entendent pas les choses de cette oreille. Amoureuses, elles refusent de respecter les coutumes de leur peuple et désirent choisir elles mêmes leur mari, outrepassant les recommandations de la marieuse du village et de leur père.
C’est Alain Wilmet, qui incarnait déjà Merlin l’Enchanteur dans la comédie musicale éponyme jouée cet hiver au Palais des Congrès, qui assume la lourde tâche de reprendre le rôle de Tevye, auparavant campé par Franck Vincent au Théâtre Comédia il y a quelques années. Difficile de faire oublier l’incroyable performance de ce dernier, et pourtant le comédien reprend le flambeau avec brio. Présent sur scène pratiquement en permanence du début jusqu’à la fin du spectacle (2 heures sans entracte), il s’impose en parfait meneur de revue, parvenant à nous faire rire et pleurer, démontrant toute l’étendue de son talent.
Il faut dire que le personnage de Tevye est très complet. Il se veut strict dans l’éducation inculquée à ses filles, mais les aime trop pour leur dire non. C’est ainsi que, quand la première lui présente celui qu’elle aime, un simple petit tailleur, il finit par accepter qu’elle l’épouse, alors même qu’il venait de la promettre à un riche notable du village, plus âgé. Sa deuxième fille, elle, ne laisse même pas à son père la chance d’exprimer sa désapprobation quand elle lui exprime son désir d’épouser un autre sans-le-sou. Encore une fois, c’est le bonheur de sa fille qui passe en premier, et il donne sa permission bien qu’elle n’ait pas été demandée. Quand sa troisième et dernière fille veut épouser un jeune russe, en revanche, la pilule ne passe plus. Ne faisant pas partie de son peuple, ce dernier ne saurait faire un gendre acceptable pour Tevye. Epouser quelqu’un sans l’aide d’une marieuse, passons. Un homme de pauvre condition, pourquoi pas. Mais se marier en dehors de la religion, ça non!
Si le spectacle commence comme une comédie rappelant les pièces de Molière, avec leurs histoires de mariages arrangés et d’amours secrets et interdits, on nous rappelle vite où nous nous trouvons. La domination russe sur ces pauvres fermiers juifs ne laisse aucune place à la résistance, et les moments tristes ou déchirants viendront ponctuer le récit, faisant d’Un Violon sur le Toit une œuvre complète et poignante qui vous colle au siège.
Une adaptation de qualité était donc nécessaire, les dialogues ayant la lourde tâche de faire passer tout un panel d’émotions fortes. Une fois encore, Stéphane Laporte a fait un excellent travail, signant un livret français de toute beauté. Les scènes comiques fonctionnent à merveille, et les argumentaires visent juste. On s’y croirait!
Vous le savez, chez TravelPics on n’aime pas les bandes son enregistrées. Rassurez-vous, comme toute comédie musicale anglo-saxonne, Un Violon sur le Toit dispose de son propre orchestre interprétant en live toute les musiques du spectacle. Pour cette nouvelle production, l’orchestre est placé au balcon du théâtre Palace, à gauche de la scène. On subit encore l’absence de fosse à orchestre dans les théâtres parisiens, mais cet emplacement a l’avantage de ne pas monopoliser une grosse partie de la scène rien que pour l’orchestre. Le spectacle est tellement immersif qu’il serait dommage de gâcher ce tableau parfait avec un orchestre moderne. Du point de vue de la sonorisation, par contre, l’emplacement n’est pas idéal, occasionnant une dissymétrie de volume de la musique, celle-ci donnant en permanence l’impression de venir de la gauche plutôt que d’en face. Dommage.
Félicitons tout de même l’ensemble de la distribution de ce Fiddler on the Roof version française 2010. Tous les performers sont méconnaissables, affublés d’une barbe pour les hommes et vêtus de superbes costumes plus vrais que nature. Certains donnent même l’impression d’être nés pour avoir ce look de l’époque. De quoi démonter la qualité de cette reproduction! Citons ainsi Amélie Munier (Grease), Charlotte Filou (Cabaret), et Vanessa Cailhol (Le Prince et le Pauvre), les trois filles de Tenye, parfaites dans leur rôle d’amoureuses têtues et rebelles, prêtes à tout pour réconcilier leur père avec l’amour et le détourner de l’injuste tradition.
Le Palace
Le théâtre Palace est situé sur les grands boulevards parisiens, non loin du Grand Rex. Inaugurée en 1921 sous le nom d’Eden, la salle fut rebaptisée “théâtre du Boulevard” en 1923. Elle prit le nom de Palace sous la direction d’Oscar Dufrenne et Henri Varna. Transformé en cinéma en 1946, le théâtre reprit sa fonction originale en 1975. De 1978 à 1983, l’endroit fut un club parisien très en vogue dans la culture underground.
Le lieu ferma définitivement en 1996. Dans les années qui suivent, le Palace, désaffecté, fut occupé par un squat. En novembre 2006, les frères Alil et Hazis Vardar, des Belges d’origine albanaise déjà propriétaires de nombreux théâtres en Belgique et en France (Toulouse, Montpellier, Avignon mais aussi la Comédie République et de la Grande Comédie à Paris), rachetèrent la salle avec la participation de Francis et Chantal Lemaire, propriétaires de Radio Contact en Belgique.
Les travaux de restauration du Palace commencèrent en février 2007 sous la houlette des Monuments Historiques (le théâtre est classé) et l’architecte François Préchac fut désigné pour superviser les travaux. L’objectif était de restituer le décor du théâtre d’origine, tel qu’il fut construit en 1921, avec les aménagements techniques et la fonctionnalité d’une salle de spectacle moderne.
Des centaines de mètres carrés de fresques et de peintures au pochoir et de moulures décoratives furent décapés et reconstitués centimètre par centimètre, sur un chantier pharaonique. L’investissement est aussi énorme que la volonté des nouveaux propriétaires de refaire du Palace un lieu unique et magique.
Le nouveau Palace, doté de 970 places, fut inauguré le 5 novembre 2008 pour le retour sur les planches de Valérie Lemercier. Il accueillit récemment l’humoriste Florence Foresti du 29 septembre 2009 jusqu’au 9 janvier 2010.
Article, photos et vidéo par Alexandre Rosa
Avec la participation de Laetitia Bachellez
Euh, correction, ce n’est (heureusement) pas Stephane Laporte qui a traduit le livret de Zorro…