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Défilé du Nouvel An Chinois à Paris – Dragons et lions à l’Hôtel de Ville pour l’année du Tigre
Posté le Mardi 23 février 2010dans Chine, Célébrations, Nouvel An, Paris, Special Eventpar Alexandre RosaImprimerAprès vous avoir emmené à Londres, qui se définit comme la ville au monde qui fête le nouvel an chinois de la manière la plus magistrale en dehors de l’Asie, nous nous retrouvons à Paris en ce 14 Février 2010 pour célébrer l’année du Tigre. Débutées sur la place de l’Hôtel de Ville, en plein cœur de la capitale française, en plus du Défilé du Dragon du 13ème arrondissement (le quartier historique de l’immigration chinoise a fêté le nouvel an le 21 février) comme à l’accoutumée, les festivités ont vite débordé dans les quartiers des Halles, de Châtelet et du Marais, grâce à l’impressionnant défilé de bénévoles costumés.
Il y a donc désormais plusieurs festivités du nouvel an chinois à Paris chaque année. Outre le défilé principal, dans le 13ème, on retrouve donc un énorme évènement dans le 3ème au départ de l’Hôtel de Ville, ainsi qu’un autre défilé dans le 20ème arrondissement de la capitale. Dans le cas de ce dernier, le défilé a rejoint cette année celui du Carnaval de Paris dont le thème était, en ce jour de Saint Valentin, "couples improbables". Il y a alors eu la rencontre du bœuf gras, tradition du Carnaval de Paris, et du Tigre de métal. Ce jour, le Paris asiatique est passé en l’an 4708.
C’est dans le 3ème que nous nous sommes rendus. Moins connu mais tout aussi spectaculaire que le défilé du 13ème, celui-ci faisait intervenir toutes les créatures mythiques de cette fête traditionnelle, dragons et lions en tête, accompagnés de cortèges en grand nombre. A notre arrivée, la foule parisienne était déjà agglutinée devant l’Hôtel de Ville de Paris, à deux pas de Notre-Dame. Les différents groupes de jeunes danseuses qui allaient participer au défilé patientaient jusqu’au top départ, posant pour des photos avec la foule et discutant avec les curieux.
Au milieu de tout cela, percussionnistes et dragons géants entamaient déjà leur danse traditionnelle en musique. Les lions posaient également pour les photographes, notamment sur le tapis rouge déroulé sur la patinoire de l’Hôtel de Ville pour l’occasion. L’ensemble de la place avait ainsi été décorée de lanternes en papier rouge de style chinois, comme on le voit dans l’ensemble des festivités du nouvel an chinois dans le monde entier. Ou la rencontre entre les bâtiments haussmanniens, les lampadaires parisiens, et la culture chinoise.
Soudain, le cortège s’ébranla lentement. Au vacarme assourdissant des chaînes de pétards tirées par les pousse-pousse qui ouvraient la voie, l’ensemble des participants s’en ainsi engouffré dans la petite rue bordant le Bazar de l’Hôtel de Ville, plus connu sous le nom de BHV. Direction le Marais. Dessinant une boucle au cœur de Paris, le défilé a emprunté la Rue du Temple, la Rue Turbigo, la Place des Arts et Métiers, la Rue Beaubourg et la Rue du Renard.
Tout au long du parcours, certains commerçants avaient suspendu à leur porte ou à leur fenêtre une chaîne de pétards explosant avec grand fracas dans ces petites rues où l’écho est forcément très important. Un signal à destination des lions, qui devaient alors pénétrer dans les boutiques concernées pour réaliser une danse traditionnelle face à un autel d’oranges et de bougies installé à cet effet par les propriétaires. La danse devait durer jusqu’à ce que la chaîne de pétards ait fini d’exploser.
La semaine précédant le nouvel An a en effet lieu le “petit Nouvel An” (過小年/过小年guòxiǎonián), une cérémonie d’adieu au Dieu du Foyer (灶王爺 / 灶王爷 Zàowángyé) dont l’effigie est collée dans la cuisine. D’après les croyances, il doit faire un long voyage pour rapporter, comme chaque année, les bonnes et mauvaises actions de la famille à l’Empereur de jade. Pour obtenir sa clémence, on dépose des aliments (plutôt collants, comme des bonbons ou des agrumes) devant son image en espérant l’empêcher de dire du mal. Certains collent directement une sucrerie sur la bouche de son portrait. Celui-ci est ensuite brûlé, et le Génie s’envole avec la fumée. Un nouveau portrait sera affiché quelques jours plus tard, signalant son retour.
Des camions décorés de banderoles faisaient également partie du cortège parisien. Sur la plate-forme qu’ils tiraient, des jeunes filles y ayant pris place lançaient dans la foule de petites enveloppes rouges. Ceux qui ont pu en attraper une ont pu y découvrir une petite somme d’argent, allant d’une pièce de 10 centimes à 1 euro. Traditionnellement, ces enveloppes d’étrennes étaient distribuées par les aînés aux enfants et aux jeunes non mariés, et avaient surtout la valeur symbolique de porter chance durant toute la nouvelle année.
Lors des distributions solennelles par les aînés, la personne qui va recevoir l’enveloppe leur adresse un vœu ou “parole auspicieuse” ( 吉祥話 jíxiáng huà). Le plus courant est “félicitations, et faites fortune” (gōngxǐ fācái 恭喜發財 / 恭喜发财). Beaucoup d’enveloppes rouges contiennent une somme modeste, en nombre pair de billets, mais il arrive que ce soit le moyen par lequel une personne professionnellement active remet à ses parents âgés ou à ses enfants toute une année d’argent de poche. Lors des visites à la famille et aux amis dans les jours qui suivent, il est coutume d’offrir une enveloppe aux enfants des visiteurs ou des visités. Beaucoup ont donc soin de s’approvisionner en petites coupures avant la période de la fête.
Le Nouvel An chinois ou “passage de l’année” est le premier jour du premier mois du calendrier chinois. C’est le début de la fête du printemps qui se déroule sur quinze jours et s’achève avec la fête des lanternes. Le calendrier chinois étant un calendrier luni-solaire, la date du Nouvel An chinois dans le calendrier grégorien varie d’une année sur l’autre, mais tombe toujours entre le 21 janvier et le 20 février. C’est, comme tous les commencements de mois lunaires chinois, le premier jour d’une nouvelle Lune. Par convention, l’alignement astronomique qui signale la nouvelle Lune est déterminé à l’observatoire de la Montagne Pourpre à Nankin.
Le Nouvel An est célébré officiellement en République populaire de Chine (sept jours de congés) et en République de Chine (Taïwan) (au moins cinq jours), à Hong Kong et Macao (trois jours), ainsi que dans certains pays d’Asie où l’influence de la culture chinoise est importante, ou dont la population comprend une forte minorité de Chinois ethniques : Singapour et Malaisie, Philippines, Brunei et Indonésie, Thaïlande, Viêt Nam (fête du Têt, trois jours, avec un jour de décalage avec la Chine tous les 22 ou 23 ans pour compenser le décalage horaire entre Pékin et Hanoï), Corée du Sud. Les congés du Nouvel An, qui peuvent être prolongés par un weekend ou un pont, sont une période de migration intense, car nombreux sont ceux qui s’efforcent de rejoindre leur famille, depuis l’étranger parfois : embouteillages sur les routes et encombrements dans les gares et les aéroports sont la règle.
Les célébrations, coutumes et tabous de la fête de printemps varient dans les détails selon les régions ou les époques. La pratique générale veut qu’on s’efforce de repartir sur un nouveau pied après s’être débarrassé des mauvaises influences de l’an passé, accompagné de signes de bon augure. On a recours à des objets ou aliments présentant une homophonie avec un mot de sens auspicieux. Le “passage de l’année” (過年 / 过年 guònián) s’effectue dans la nuit du dernier jour du douzième mois. Le mot signifiant année est considéré comme étant à l’origine le nom d’un monstre, Nian, qui venait autrefois rôder autour des villages une nuit par an, obligeant les habitants à se calfeutrer et à veiller jusqu’à son départ au petit matin.
Les célébrations principales comportent un réveillon (年夜飯 / 年夜饭 niányèfàn) comprenant des plats aux noms auspicieux, suivi d’une nuit de veille (守歲 / 守岁 shǒusuì) gage de longévité, que certains occupent à jouer au mahjong, la distribution d’étrennes (壓歲錢 / 压岁钱 yāsuìqián) contenues dans des enveloppes rouges, et à l’allumage de pétards pour chasser les mauvaises influences.
Le grand nettoyage de la maison est fait. Le dernier jour, on affiche un peu partout des souhaits écrits sur papier rouge, symbole de chance. Il s’agit de caractères auspicieux comme fú (福) bonheur, ou chūn (春) printemps, souvent collés à l’envers car renverser ( 倒 dào) est homophone de arriver ( 到 dào). Un fu renversé signifie donc : “Le bonheur est arrivé”. Traditionnellement, de chaque côté des montants de la porte d’entrée, on colle une bande de papier rouge sur laquelle est écrit un vers. Les deux vers se répondent et constituent une inscription parallèle (對聯 / 对联 duìlián). Elles étaient autrefois toujours écrites à la main, de préférence par des personnes aux dons littéraires et calligraphiques. Bien sûr, les décorations et inscriptions de l’an passé ont été tout d’abord retirées.
Des provisions sont faites, préparation importante autrefois car tous les commerces fermaient pendant les congés. Elles comprennent beaucoup de choses à grignoter en famille : graines de pastèque, fruits secs, bonbons etc. Faire les courses en vue du Nouvel An se dit bàn niánhuò (辦年貨 / 办年货). On faisait aussi l’achat de vêtements neufs, particulièrement pour les enfants. C’était auparavant une occasion bienvenue de renouveler sa garde-robe, mais avec le développement de l’industrie du prêt-à-porter, cette coutume a un peu perdu de sa valeur.
Le repas de Nouvel An a souvent lieu au domicile des aînés de la famille. Dans les régions au mode de vie traditionnel, du fait de la coutume patrilocale, il s’agit de la famille paternelle. À l’heure du réveillon, le dîner ne peut commencer que lorsque toute la famille est présente (des places vides sont réservées aux membres ne pouvant assister au repas). Il est généralement copieux et comporte souvent des plats symboliques pour assurer la santé, les études, etc…
Ainsi, le poisson ( 魚 yú), homophone de surplus ( 馀 yú), doit être présent à chaque repas de Nouvel An pour garantir qu’il y aura du surplus tous les ans et qu’on ne manquera jamais de rien. Certains prennent même soin de ne pas le finir, afin de rendre plus complètement son sens symbolique. Dans le nord de la Chine, on sert en principe un plat de raviolis car leur forme évoque celle des yuánbǎo (元寶 / 元宝), lingots anciens. Le dessert traditionnel est le niángāo ( 年糕 ), “gâteau de l’An”. Gāo, gâteau, est homophone de grandir, et en manger constitue un gage de croissance dans tous les domaines souhaités.
Les enfants étaient autorisés ce soir-là à faire éclater des pétards ou à faire brûler des feux de bengale, en attendant la chaîne de pétards que chaque foyer se devait d’allumer à l’arrivée du premier jour de l’année (minuit au 21ème siècle, mais autrefois on changeait de jour à 23h). Néanmoins, à cause des accidents de plus en plus fréquents dus à la concentration urbaine, beaucoup de pays ont interdit les pétards privés. Des modèles électriques lumineux et sonorisés sont proposés sous le nom de “pétards électriques”, avec un succès variable.
Une coutume ancienne veut qu’on aille se coucher le plus tard possible ce soir-là, car ce serait un gage de longévité. Cela s’appelle “monter la garde de l’année” (shǒusuì 守歲 / 守岁). Une télévision aide largement à remplir cet objectif, mais un jeu (mahjong par exemple) est aussi souvent choisi, d’autant que pour certains il est bon de tenter sa chance pendant la nuit du Nouvel An. Dans certaines régions, les jeux d’argent habituellement interdits étaient exceptionnellement autorisés pendant la f ête de printemps.
Le lendemain matin, après un court repos, beaucoup se rendent au temple local, puis sur les tombes ancestrales s’ils habitent à proximité. On considère que plus la visite au temple est précoce, plus on aura de chance dans l’année. Il arrive donc que les fidèles se massent devant les grands temples avant l’ouverture des portes pour être le premier à planter sa baguette d’encens dans le brûle-parfum. Dans certaines villes, un temple ouvre à minuit, première heure du premier jour. Certains prennent ce jour au moins un repas végétarien. Les familles qui en avaient les moyens commandaient une danse de lion ou de dragon (qui représente Noblesse, Bravoure et Chance).
Dans certaines cités hors de Chine comme Paris, la diaspora chinoise organise une parade. La tradition a débuté à San Francisco dans la seconde moitié du 19ème siècle. La première journée était théoriquement consacrée aux visites, en commençant par les personnes les plus importantes (parents aînés, supérieurs hiérarchiques). Cette activité s’appelle “saluer l’année” (bàinián 拜年). De nos jours, le téléphone est largement utilisé. Les familles en deuil sont traditionnellement exemptées de visites pendant une durée variable.
Le jour du Nouvel An, on doit théoriquement porter des vêtements neufs, et beaucoup aiment que du rouge, couleur auspicieuse, y apparaisse. On ne fait pas de ménage, et si l’on doit absolument balayer des détritus tombés à terre, il ne faut pas les déposer à l’extérieur du domicile car cela symboliserait une perte. Certains estiment qu’il est mauvais de faire une grande toilette ce jour-là.
Le deuxième jour est traditionnellement celui où les femmes mariées rendent visite à leur famille avec enfants et mari. Dans certaines régions, les visites étaient déconseillées durant le troisième jour car elles étaient censées facilement donner lieu à des altercations (“bouche rouge” chìkǒu 赤口). Le cinquième jour est en général celui où les commerces rouvrent. À Hong Kong, c’est l’anniversaire du Dieu de la richesse. Des pétards sont allumés, et parfois des danses de lions commandées.
Le septième jour était pour certains celui où tout le monde changeait d’âge, les dates de naissances exactes étant autrefois tenues secrètes. D’autres, néanmoins, estiment que l’âge change le premier jour de la nouvelle année.
Le huitième, ou neuvième jour selon les régions, est l’anniversaire du dieu du Ciel (天公 Tiāngōng ) assimilé à l’Empereur de jade. Une cérémonie se déroule chez soi ou au temple tard le soir, au début de la nouvelle journée. Le quinze du premier mois est la dernière journée de la Fête de printemps, marquée par la Fête des lanternes qui signe donc la fin des festivités du nouvel an du calendrier chinois.
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Photos par Alexandre Rosa
Reportage par Alexandre Rosa et Stéphane Hacquin
C’est un article vraiment très documenté sur les traditions du nouvel an chinois. J’ai appris beaucoup de choses en le lisant.
Les défilés sont toujours très colorés avec des dragons géants magnifiques. Les costumes et les maquillages sont très bien faits aussi.
Comme d’habitude les photos sont très réussies.