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Il Duomo de Milan – la plus grande cathédrale gothique au monde
Posté le Dimanche 17 janvier 2010dans Architecture, Cathédrale, Gothique, Histoire, Italie, Monument religieux, Payspar Alexandre RosaImprimerLa construction de la cathédrale de Milan, troisième église du monde par sa taille, prit près de 430 ans, de la pose de la première pierre en 1386 jusqu’à l’achèvement de la façade sous Napoléon Bonaparte en 1813 (il y a été couronné roi d’Italie le 26 mai 1805). Ses bâtisseurs s’en tinrent pourtant essentiellement au style gothique malgré l’évolution de la mode en matière d’architecture pendant ces quatre siècles, faisant de l’édifice la plus grande cathédrale gothique au monde.
C’est l’archevêque de Milan, Antonio da Saluzzo, qui a initié sa construction aux côtés du seigneur de Milan, le duc Gian Galeazzo Visconti. Ce dernier invita des architectes lombards, allemands et français à superviser les travaux et insista pour qu’ils utilisent du marbre de Candoglia, qui fut transporté sur les navigli de Milan, ces canaux artificiels construits entre le 12ème et le 16ème siècle.
La cathédrale est bâtie sur le site d’une ancienne église construite au 5ème siècle, où fut baptisé Augustin d’Hippone (Saint Augustin), et de la basilique Santa Tecla. Ces dernières furent détruites en partie par un incendie en 1075, et abattues totalement pour la construction de l’édifice actuel.
La plus haute des flèches de la cathédrale de Milan (“Il Duomo” en italien) culmine à 108 mètres, faisant d’elle l’une des plus hautes cathédrales au monde. A son sommet est perchée la Madonnina, une “petite Vierge” (qui mesure tout de même 4,16 mètres de hauteur) en cuivre doré qui veille sur Milan depuis 1774. Elle fut sculptée par Giuseppe Bini. Pendant des siècles, jusqu’à la construction de la Tour Pirelli, elle est resté la point culminant de la capitale Lombarde.
Au total, ce sont pas moins de 3500 statues qui ornent cette exceptionnelle cathédrale. Sur son toit, ce sont 136 flèches, dont certaines encore ajoutées au 19ème siècle, qui ornent l’édifice, lui valant le surnom de “hérisson de marbre”.
Une telle prouesse architecturale et logistique ne fut possible que grâce à la générosité des milanais. Afin que le Duomo puisse être construit, un grand Jubilé fut en effet proclamé en 1390 pour pousser les habitants de la ville à participer financièrement au projet ou à y apporter leur aide manuelle. Le plan d’origine consistait à la construire en briques, comme des fouilles au sein de la sacristie nord l’ont révélé, mais en 1387 le duc Gian Galezzo Visconti, qui voulait que la cathédrale soit vue comme un symbole de sa puissance, demanda que le marbre soit utilisé à la place, et que la style architectural devrait être du gothique, plus international. Le fait que la construction se soit poursuivie durant cinq siècles résulte en un évident mélange de styles qui caractérisent la cathédrale.
Prenons l’exemple de la façade du Duomo. Jusqu’au premier niveau de fenêtres, cette dernière est Baroque. Elle fut achevée au 19ème siècle avec des fenêtres en forme d’ogives néo-gothiques et des flèches supplémentaires. Entreprise en 1616, cette façade dispose de portes en bronze et des reliefs plus récents, dont certains datant de 1805 à 1813. Une grande opération de ravalement de la totalité du Duomo, commencée en 2002, s’est achevée l’année dernière.
A l’intérieur, ce sont cinq nefs qui accueillent les fidèles. Elles sont séparées par 52 colonnes (représentant les 52 semaines d’une année), toutes ornées de statues de saints installées dans des niches en hauteur. Ces imposants piliers se rejoignent en leur sommet en “entrelacs” gothiques aux voûtes des quatre nefs extérieures, sont qui en fait des peintures en trompe-l’œil du 16ème siècle.
Derrière la façade du bâtiment, incrusté dans le sol, se trouve un méridien installé en 1786 par les astronomes de Brera. Il servait à marquer l’heure de midi astronomique grâce à un rayon de lumière entrant par la première baie de l’aile sud, du côté droit. A ses côté se trouve le sarcophage de ‘l’archevêque Ariberto d’Intimiano, portant une copie du crucifix dont il fit don au monastère San Dionigi, l’original se trouvant au Museo del Duomo. Non loin, sur la gauche, une plaque porte la date de la fondation de la cathédrale.
Des douzaines de vitraux teintent la lumière qui pénètre dans la cathédrale. Le plus ancien, dans le bas-côté droit, remonte à 1470. Le plus récent fut quant à lui exécuté en 1988.
Le presbytère, au centre de la cathédrale, fut construit dans le style imposé en 1567 par Pellegrino Pelligrini, le nouvel ingénieur en chef nommé par San Carlo Borromeo qui venait d’accéder au trône de l’archevêque de Milan. Ce dernier fit de cette partie du Duomo le modèle lombard typique d’une église de contre-réformation. Au centre, sous le ciborium derrière l’autel, se trouve le tabernacle, donné par le pape Pius IV à son neveu San Carlo (St Charles). Devant ces derniers se trouvent deux pupitres de cuivre doré du 16ème siècle décorés d’épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament, surmontés par les orgues peints par Giovanni Ambrogio Figini, Camillo Procaccini et Giuseppe Meda.
Derrière l’autel se trouve un chœur en bois extraordinaire comportant la Vie de Sant-Ambrogio, gravé entre 1572 et 1620. Dans le transept de droite se trouve le tombeau de Gian Giacomo Medici (Jean-Jacques de Médicis), le frère de Pius IV, qui fut à une époque attribué à Michel-Ange mais qui est en réalité l’œuvre de Leone Leoni. Ce monument funéraire comporte une effigie grandeur nature du condottiere en tenue de centurion romain.
Dans un coin se trouve une statue sortant de l’ordinaire. Elle représente Saint Barthélémy écorché. Cette œuvre de Marco d’Agrate de 1562 montre le martyr, muscles et veines exposés, portant sa peau jetée sur l’épaule de manière presque guillerette. Elle se situe près des escaliers descendant dans la crypte de la cathédrale, où San Carlo Borromeo est enterré. On y trouve également le trésor du Duomo ainsi que la Coro Jemale, une petite pièce du 16ème siècle décorée de beaux stucs.
Dans la voûte qui surplombe le cœur de la cathédrale, une lumière rouge marque la position d’une niche où un clou de la croix du Christ est conservé depuis 1461. Ce clou, qui fut un temps gardé au sein de l’église médiévale Santa Maria Maggiore, a la forme d’un fer à cheval et fut trouvé par Sainte Hélène, qui l’offrit à son fils, l’Empereur Constantin. Il fut ensuite offert à Saint Ambroise et porté par San Carlo en procession durant la peste de 1576. Il est montré au public chaque 14 septembre. Pour ceci, l’évêque de Milan est soulevé par des poulies invisibles jusqu’à la niche où repose ce clou sacré dans une sorte de balcon décoré.
En dialecte milanais, la formule “la fabbrica del Duomo” (“la construction du Dôme”) désigne une entreprise qui ne paraît jamais devoir finir. L’édification de la cathédrale demanda effectivement 427 ans, et il n’existe pas meilleur exemple de la ténacité des milanais. Les bâtisseurs étant malgré tout restés étonnamment fidèles au style gothique, ignorant presque complètement les sirènes de la Renaissance, du baroque et du néoclassicisme.
De son toit en terrasses, qui demanda 10 ans de travaux, on peut se promener au sein d’une véritable forêt de marbre couvert sur les ailes par une impressionnante succession d’arc-boutants. La vue sur la ville et la plaine du Pô y est superbe. Par temps clair, on peut même voir jusqu’aux Alpes, au nord.
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Article et photos par Alexandre Rosa
J’aime bien la dernière photo de nuit.
En effet, c’est une superbe cathédrale et la vue du toit est magnifique. Tes photos sont très réussies comme d’habitude
C’est superbe mais comment s’appelle cette cathédrale ? Santa Maria ou II Duomo ?
Elle s’appelle « Il Duomo », qui signifie littéralement « la Cathédrale ». Santa Maria Maggiore est le nom de la cathédrale du 5ème siècle qui se trouvait à cet endroit avant la construction de l’édifice actuel. Elle fut détruite dans un incendie en 1075 en même temps qu’une basilique qui se trouvait à côté.