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Le Mystère de la Note Bleue – Nouveau spectacle nocturne du Futuroscope
Posté le Lundi 10 août 2009dans Attractions, Feux d'artifices, Futuroscope, Nocturne, Théâtrepar Alexandre RosaImprimerOn connaît le Futuroscope de Poitiers pour ses salles IMAX et ses techniques de projection révolutionnaires qui sont autant d’expériences nouvelles à tester pour les visiteurs, mais tous ceux qui y ont passé au moins une journée complète vous diront une chose : la visite se termine toujours par un spectacle nocturne sur le Lac aux Images!
Régulièrement renouvelé, le spectacle nocturne du Futuroscope fait traditionnellement appel à de nombreuses techniques de projection et d’effets spéciaux. Lasers, écrans d’eau, jets d’eau, flammes, reflets, fumée, pyrotechnie… tous les moyens sont mis en œuvre pour conter une histoire poétique mise en valeur par plusieurs personnages, virtuels ou non, qui viennent à la rencontre du public dans cette grande fresque féérique.
Cette année, dans le cadre des nouveautés 2009, le Futuroscope a décidé de renouveler entièrement son spectacle nocturne. Pour cela, le parc a fait appel pour la troisième fois à Yves Pépin. Créateur de shows multimédias géants, ce dernier est connu dans le monde entier pour ses créations aussi célèbres que les Cérémonies de la Coupe du Monde de Football en 1998 ou le feu d’artifices du passage à l’an 2000 sur la Tour Eiffel.
L’agence qu’Yves Pépin a créé en 1974, ECA2, est l’une des rares dont les créations sont présentes dans le monde entier. Conseiller Artistique pour les cérémonies d’Ouverture et de Clôture des Jeux Olympiques et Paralympiques de Pékin en 2008, Yves Pépin a même travaillé pour le second parc Disney du Japon : Tokyo Disney Sea, pour lequel il a conçu l’extraordinaire spectacle nocturne BraviSEAmo!
Après Le Miroir d’Uranie, sa précédente création pour le Futuroscope en 2002 qui avait reçu le plébiscite du public, on ne pouvait attendre que le meilleur de ce Mystère de la Note Bleue. Et nous n’avons pas été déçus.
Devant un amphithéâtre d’une capacité d’environ 5500 spectateurs au pied du cristal géant du Kinémax, le pavillon dont la forme est devenue l’emblème du Futuroscope, l’histoire qui prend forme sur le lac est celle de Mike, un DJ bien réel interprété par un comédien sur scène, et de DJFX, un jeune garçon virtuel qui interagit avec Max et le public.
Quand la note bleue apparaît sous la forme d’un visage d’une pureté inimaginable pour disparaître aussitôt, les deux protagonistes n’ont plus qu’une idée en tête : partir à sa recherche pour ouvrir la voie de toutes les émotions sonores. Elle représente le son idéal, celui qui reste en nous, au-delà de toutes les autres notes. C’est Décibelle, petite fée volante, qui va les guider dans un univers multicolore, peuplé de créatures insolites, composé d’ondes graphiques, de percussions, et de glissades sonores.
Avec un thème pareil, il fallait que la bande originale du spectacle soit particulièrement soignée. Confiée à Philippe Villar et Pascal Lengagne, cette composition originale est effectivement de bonne facture. Si le show commence avec une bataille musicale nécessaire entre les deux DJs, on retrouve vite la féérie voulue par le metteur en scène dès la deuxième partie du spectacle et plus particulièrement dans son final, avec un thème musical qui n’est pas sans rappeler du Disney.
La voix de la fée Décibelle n’est pas sans rappeler celle, bienveillante, de la fée Bleue. Ceux qui n’aiment pas ce style seront rebutés, mais nous avons adoré. On retrouve ici la volonté du Futuroscope de diversifier son offre en attirant plus d’enfants, ce qui apparaît évident quand on voit la place et le comportement de la famille dans la publicité du nouveau spectacle visible ici. Pour vous faire votre propre idée, voici quelques extraits du spectacle :
De tels effets ne s’obtiennent pas en un tour de main, comme vous devez vous en douter. De fait, c’est plus d’un an et 60 personnes qui ont été nécessaires pour mettre au point le Mystère de la Note Bleue, dont trois mois rien que pour établir le story-board et faire le casting des acteurs du show. Puis ce fut au tour de la réalisation des images de synthèse et du tournage en studio avec les comédiens de chair et d’os, avant d’en arriver à la mise en place sur le lac-théâtre.
Chaque soir, c’est ainsi une véritable mécanique de précision qui se met en marche, gérée au sein de pas moins de sept régies différentes disséminées tout autour du lac. Les techniciens et ordinateurs qui s’y trouvent assurent une synchronisation de tous les différents systèmes au 25ème de seconde près.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les images projetées sur les trois écrans d’eau géants, orientés différemment les uns des autres pour que tous les spectateurs puissent apprécier l’ensemble des images diffusées, ne sont pas l’œuvre de vidéoprojecteurs géants mais bien de projecteurs 35mm classiques. 2,6 kilomètres de pellicule sont ainsi nécessaires pour parvenir au bout des 25 minutes que durent le spectacle.
Aux 1050 m² de surface d’image qui peuvent être créés lorsque les trois écrans d’eau sont activés et juxtaposés viennent s’ajouter plus de 70 jets d’eau formant une vague au fond du lac ainsi que 8 geysers géants de 8 mètres d’envergure pouvant atteindre 45 mètres de hauteur et 18 projecteurs de flamme de 8 à 17 mètres de haut. Trois lasers polychromes complètent le tout en amenant leurs formes et leurs couleurs sur les écrans d’eau ainsi que les 300 mètres de linéaires de brouillards qui parcourent les 7000 m² de la scène aquatique que constitue le lac, soit 18 terrains de basket.
Le final du spectacle, véritable apothéose d’une journée de visite au Futuroscope, fait appel à quelque 450 effets pyrotechniques. Ce mini feu d’artifices a le mérite d’être tiré chaque soir de l’année lorsque le parc est ouvert et que le spectacle a lieu, à l’exception des soirs de grand vent pour des questions de sécurité. Et n’oublions pas que le Mystère de la Note Bleue est même joué deux fois par soirée les jours de forte affluence, ce qui offre un confort et une visibilité accrue pour tous les visiteurs suffisamment en forme pour rester jusqu’à 23h15, heure de la seconde représentation.
Impossible de ne pas citer les 1500 roseaux lumineux intégrés à la surface du lac et installés spécialement pour cette nouveauté 2009. Ils donnent un effet scintillant au lac tout en étant autant d’écrans sur lesquels les lasers peuvent se refléter, assurant une combinaison d’effets dont le spectacle use grandement pour aboutir à un résultat saisissant de réalisme, si tant est que les conditions climatiques soient favorables, le vent étant le grand ennemi des écrans d’eau. Ces derniers doivent en effet être le plus plats et stables possibles pour assurer une image nette.
Le nouveau spectacle nocturne du Futuroscope est donc une grande réussite, sur laquelle revient Yves Pépin dans cette interview :
Pourquoi avez-vous choisi le thème de la musique pour le nouveau spectacle du parc ?
Dans tous les spectacles, le son a une importance considérable qu’on ne prend peut-être pas suffisamment en considération. J’avais envie de donner cette fois une place particulière à la musique. La musique m’a toujours passionné. J’ai vécu mon enfance, ma jeunesse ‘dedans’ et je voulais faire un spectacle qui parle précisément de l’univers du son. Au-delà de la perception physique et ondulatoire, le son offre un univers complet à explorer, chargé d’émotions avec ses montées, ses descentes, ses variations…
Toutes les aventures des personnages sont motivées par la quête de la note bleue ? Quelle définition en donnez-vous ?
La note bleue, c’est cette note qui est au delà de toutes les notes que l’on peut jouer quand on fait de la musique. C’est la note qui représente une forme d’idéal, qui provoque la plus grande émotion. Cette référence à la note bleue, c’est celle de la note bleue du jazz, illustré par le célèbre club new-yorkais, le ‘Blue Note’. Selon une définition qui avait été donnée dans des chroniques du 19ème siècle, c’est la note du silence, c’est à dire la note qui suit le morceau qui est joué et qui prolonge l’impression sonore qui a précédé. On disait que Chopin faisait des improvisations dans des salons le soir et lorsque la nuit tombait et que la chandelle s’éteignait, c’était là qu’on entendait la note bleue.
Pouvez-vous nous parler de l’outil technologique dont dispose le Futuroscope. C’est un spectacle qui concentre tous les effets d’un grand show…
Oui, c’est un spectacle qui concentre des effets et c’est un lieu qui concentre des effets. Il n’y a pas de lieu identique à celui de ce théâtre du Futuroscope. Il possède une expression visuelle forte, ce qui en fait un lieu exceptionnel. Ce site est à la fois un théâtre de lumières, un théâtre de sons, un théâtre d’images mais aussi un théâtre d’effets spéciaux et tout ça sur une surface aquatique considérable. C’est un dispositif scénographique exceptionnel, qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde. Des fontaines, des jets d’eau, une expression par l’eau, par la lumière, par la couleur, par l’image qui elle-même est projetée sur écran d’eau…
Le lieu m’inspire beaucoup : même lorsque je suis dans mon bureau à Paris, je m’imagine assis dans les gradins du Futuroscope à la place du spectateur. Je ne me perçois pas comme un créateur mais comme un révélateur. D’un lieu, on se demande toujours quelle histoire il peut révéler. Il suffit de se mettre à son écoute pour que l’histoire apparaisse. Dans ce sens, le lac du Futuroscope est très inspirant : c’est une porte ouverte sur l’imaginaire.
Et cette année, la nouveauté que vous avez apportée à ce lieu, c’est une multitude de roseaux lumineux.
Oui, on a voulu que la surface même de l’eau devienne une sorte de reflet du ciel étoilé, que finalement la surface de l’eau devienne un scintillement et participe avec ce scintillement au spectacle lui-même.
Vous avez participé et conçu de grands événements dans le monde entier. Travailler dans l’univers du spectacle, était-ce un rêve d’enfant ?
Sûrement. Je ne pense pas qu’on puisse faire ce métier sans avoir eu des rêves dans son enfance et sans avoir envie de les exprimer d’une façon ou d’une autre. Et puis ensuite, c’est le parcours professionnel qui m’a amené à manier des outils d’expressions comme l’image, la vidéo mais aussi évidemment le son, la lumière et surtout l’envie de raconter des histoires.
Vous avez été conseiller artistique lors des dernières cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux Olympiques à Pékin. Quelques mots de votre aventure chinoise ?
C’était une longue aventure puisqu’on a travaillé pendant trois ans et demi avec les équipes chinoises pour mettre en place ces cérémonies d’ouverture et de clôture des J.O. avec des artistes chinois. Une équipe, donc, essentiellement représentative de la culture chinoise mais dans laquelle, en tant que conseiller artistique étranger, j’ai essayé d’apporter à la fois une sensibilité peut-être différente mais aussi un regard, qui finalement est celui de la plupart des téléspectateurs, des 4 milliards de téléspectateurs qui ont vu cette cérémonie, parce que la plupart étaient hors de Chine.
Si vous deviez convaincre un ami de venir voir Le Mystère de la Note Bleue…
Je crois qu’il faut venir le voir pour se laisser emporter par la musique, mais aussi par l’émerveillement des tableaux visuels, de la dynamique et de la combinaison que constituent à la fois les lasers, l’image et l’eau. Le conseil que je donnerai à mon ami, c’est qu’il se laisse emporter dans ce voyage, parce qu’en réalité c’est un voyage. C’est l’aventure de deux personnages qui partent explorer l’univers exceptionnel des sons.
Il ne vous reste plus qu’à faire un tour au Futuroscope pour apprécier le spectacle, mille discours ne pouvant décrire l’expérience ressentie face à cette représentation. Toutefois, si vous n’en avez pas la possibilité immédiate, vous pouvez toujours retrouver une grosse partie de ce dernier dans cette vidéo, tout en gardant en mémoire qu’elle ne rend pas justice au travail d’Yves Pépin et son équipe.
Reportage et photos par Alexandre Rosa et Stéphane Hacquin
Article par Alexandre Rosa